Publié le
17 oct. 2025 à 6h14
« Tout ça pour l’achat d’un téléphone à 199 euros… » Agnès est désabusée. En 2018, son fils, Benjamin, de la région de Saint-Etienne, achète un smartphone dans une boutique SFR. Il souscrit à la SFAM, courtier en assurances pour produits multimédias, qui l’assure en cas de casse et vol d’un montant de quelques euros par mois, sans engagement. La signature du contrat se fait sur place, sur une tablette, rien de plus normal. Le début de la galère.
Travaillant à l’étranger, le Ligérien ne s’aperçoit de rien
Benjamin, la trentaine, militaire, réalise des opérations extérieures à l’étranger. Il gagne bien sa vie. Des prélèvements apparaissent sur son compte en banque, à des intervalles irréguliers… 19 ou 25 euros, parfois deux à trois fois par mois, puis parfois rien pendant quelques mois. Sur un théâtre de guerre au Moyen-Orient, il ne s’aperçoit de rien.
Sa banque non plus. Elle ne fait aucun signalement à son client (une action judiciaire a été intentée contre la banque pour défauts de vigilance).
Son identité et sa signature falsifiées
Ce n’est que trois ans plus tard, en 2021, que sa mère tombe sur un de ses relevés bancaires et s’interroge sur ces prélèvements anormaux avec des intitulés de sociétés différentes.
« À force de gratter, gratter », Agnès découvre le pot aux roses, la face immergée de l’iceberg. L’identité et la signature de son fils ont été falsifiées, son adresse aussi. Cinq autres contrats ont été ouverts à son nom.
La SFAM face à la justice
En avril 2024, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire de la SFAM, la filiale d’Indexia implantée à Romans-sur-Isère, dans la Drôme.
La Sfam, courtier en assurances pour produits multimédia, était assignée par l’Urssaf Rhône-Alpes, qui réclamait 11,76 millions d’euros d’impayés.
Un millier de plaintes ont été déposées contre cet assureur de téléphones portables, qui proposait des contrats annoncés comme sans engagement, et qui ne l’étaient finalement pas.
Agnès décide donc d’appeler la SFAM pour résilier le contrat d’assurance. Elle les bombarde de courriels et envoie une lettre recommandée avec accusé de réception. Mais l’assureur la balade et ne résilie à aucun moment le(s) contrat(s). « Il nous a proposé des cadeaux en échange », grince-t-elle.
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1 800 dossiers devant la justice
« Cette histoire a un impact sur notre vie… On ressent de la honte de s’être fait avoir. On a été un peu laxiste. Mais l’arnaque était très bien ficelée. Tout le monde aurait pu se faire avoir. » Malgré les demandes de résiliation, les prélèvements continuent. Agnès décide de porter plainte et de faire opposition à sa banque. Les prélèvements se poursuivent. Pour que cela cesse, il a fallu solder le compte, donc le fermer puis repartir sur un autre.
Agnès se renseigne sur Internet, se dit qu’elle n’est pas seule. De plus, elle tombe sur l’émission de France 2 avec Élise Lucet qui évoquait l’arnaque à la SFAM. Son dossier est greffé aux 1 800 autres, (le préjudice est estimé à 25 millions d’euros !), sous la houlette d’un avocat spécialisé.
On vit SFAM, on dort SFAM… Pendant une année, on en a bouffé du SFAM. Ça m’a pourri la vie, ça continue de nous pourrir la vie. Il y en a pour un petit bout de temps, encore… On galère, lui (Sadri Fegaier, PDG de la SFAM), vit sa meilleure vie. Des fois, on baisse les bras. On a fait des calculs. On y a passé des après-midi à découvrir plein de choses.
Agnès
Mère de Benjamin
En théorie, Benjamin aurait dû payer 1 500 euros d’assurance sur cinq ans. En réalité, on lui a prélevé plus de 10 700 euros. « Le remboursement ? Ce n’est pas gagné. On a reçu que 30 euros », rit amèrement Agnès.
Leur histoire est à retrouver dans l’émission « Arnaques ! », avec Julien Courbet, le vendredi 31 octobre à 21h10, sur M6.
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