Quatre mois. C’est le temps qu’il a fallu à la Manufacture française du cycle (MFC) pour sortir les premiers exemplaires du nouveau Double pony. Un record. « D’habitude, il nous faut plutôt deux ans de développement » , glisse Dimitri Robin, chef de projets chez MFC. Mais Paul-Adrien Cormerais, le cofondateur de Pony, n’avait pas de temps à perdre. Son entreprise, créée en 2017 à Angers, est spécialisée dans la location de vélos et de trottinettes électriques en libre-service.

La première version de ce vélo électrique deux places était, depuis 2021, fabriquée à Taïwan. « Avec notre partenaire asiatique – qui était un choix par défaut — on n’arrivait pas à travailler sur la qualité alors que c’est la clé, à long terme, pour que le modèle soit rentable, analyse Paul-Adrien Cormerais. Résultat, nos charges d’exploitation explosaient. »

photo les cent premiers exemplaires devraient être déployés d’ici la fin du mois d’octobre 2025, à bordeaux dans un premier temps.  ©  ouest-france

Les cent premiers exemplaires devraient être déployés d’ici la fin du mois d’octobre 2025, à Bordeaux dans un premier temps. Ouest-France

Un vélo made in France coûte 200 € moins cher

Le patron de la start-up a donc décidé de voir si le premier assembleur de vélos en France pouvait mieux faire. « Ça nous a un peu bousculés en tant qu’industriels » , convient Romain Perrus, le directeur de l’usine de Machecoul. MFC, rachetée par le groupe Intersport en 2013, ne s’est pas laissé impressionner. L’entreprise centenaire, qui produit 400 000 vélos par an, en a vu d’autres : « On a assemblé le Vélib’, on a travaillé avec les villes de Nantes et de Rennes pour leurs propres vélos en libre-service, rappelle-t-il. Ici, ce qui change, c’est qu’il s’agit d’un opérateur privé. »

photo jeudi 16 octobre, pony et mfc ont présenté la deuxième génération du « double pony », un vélo deux personnes à assistance électrique.  ©  ouest-france

Jeudi 16 octobre, Pony et MFC ont présenté la deuxième génération du « Double pony », un vélo deux personnes à assistance électrique. Ouest-France

L’assembleur est français, certes, mais les pièces, dans tout ça ? Si les plastiques sont réalisés par l’entreprise portugaise Polisport, les batteries, elles, sont conçues par la société Gouach à Bordeaux (Gironde) et produites à Angoulême (Charente), par Arts Energy. Les roues viennent de chez Mach1 à Saint-Etienne (Loire) et l’électronique est développée par le nantais Velco. « Et le coût de revient a diminué de 200 € par vélo » , sourit le patron de Pony. Pas mal.

Cinq mille exemplaires espérés en 2026

« Dans le made in France, il y a beaucoup de tarte à la crème, estime Jérôme Penigaud, de l’entreprise Arts Energy. C’est la preuve qu’il ne s’agit pas d’une philosophie, mais d’une réalité. » Depuis quinze jours, le Double pony est entre les mains expertes des salariés de MFC. Dans l’usine, on monte, on peint, on teste. Les cent premiers exemplaires seront déployés à Bordeaux, dès la semaine prochaine. La production sera ensuite lancée à grande échelle. Pony et MFC visent 5 000 vélos pour 2026.

La start-up angevine a le vent en poupe. En 2025, elle a réalisé un chiffre d’affaires de quinze millions d’euros, soit 60 % de croissance. Et vise « le double » l’année prochaine. Chiche.