C’est un texte qui a été sujet à de nombreux détournements. Une dizaine de lignes extraites de la stratégie 2026-2030 en faveur des personnes LGBTQIA + présentée le 8 octobre, au Parlement européen, a été victime d’une mésinterprétation publiée sur plusieurs comptes de la sphère complotiste, articles de presse à l’appui.

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Dans la ligne de mire de ses détracteurs, la mention d’un échange de bonnes pratiques entre les Etats membres pouvant faciliter « le développement de procédures légales de reconnaissance du genre basées sur l’autodétermination exempte de restrictions d’âge* ».

En s’appuyant sur ce texte, plusieurs internautes, notamment sur le réseau social X, ont ainsi dénoncé une « initiative » de la Commission européenne qui autoriserait les enfants à choisir leur genre sans aucune limite d’âge, dans l’ensemble des Etats membres de l’UE. Une « obligation » qui, si elle n’était pas appliquée, pourrait même valoir aux institutions qui s’y opposeraient, une sanction de la Cour européenne des droits de l’homme.

Une interprétation largement reprise par certains titres de la presse française, comme Atlantico, et internationale, comme le New York Post ou encore The Telegraph et The Times.

FAKE OFF

« Suggérer que la Commission imposerait de telles mesures aux Etats membres est tout simplement faux », assure Anna Gray, l’une des porte-paroles de la Commission européenne. Rappelant ainsi que, bien que le droit de l’UE prévale, les Etats membres élaborent leurs propres lois et « l’Union européenne les aide simplement à partager les pratiques les plus efficaces ».

D’où une certaine « confusion » ? « Il s’agit d’une stratégie que nous portons, et non d’une législation. Mais nous sommes habitués à être attaqués sur ce type de texte. Les personnes transgenres sont d’ailleurs particulièrement visées », constate avec lassitude, auprès de 20 Minutes, Marc Angel, eurodéputé socialiste luxembourgeois rattaché au groupe S & D (socialiste et démocrate) au Parlement européen.

Une stratégie pour combattre la LGBTphobie

Elaborée sur quatre ou cinq ans, la stratégie en faveur des personnes LGBTIQ + (équivalent anglais de LGBTQIA +) pour 2026-2030 s’inscrit dans le sillon de la précédente présentée en 2020, visant principalement à protéger ces populations des discours haineux dont elles sont régulièrement victimes, notamment en ligne. Et incite les Etats membres de l’Union européenne à engager des discussions autour de l’âge légal à partir duquel une personne pourrait demander à changer de genre sur leur état civil. Une limite établie à 16 ans en France.

« Il s’agit d’une recommandation dont le but est d’inciter les Etats membres à échanger sur leurs pratiques et leur législation dans l’idée de faire avancer le droit des personnes LGBTQIA + », détaille Marc Angel.

Un « anti-rights movement » très bien organisé

Co-président de l’intergroupe LGBTIQ + , l’eurodéputé assure ne pas avoir été surpris par la propagande LGBTphobe qui a suivi la publication de la stratégie présentée par la Commission : « Le mouvement “anti-genre”, ce qu’on appelle “l’anti-rights movement”, est très bien organisé en matière de désinformation. Et il faut vraiment que l’on réussisse à développer, au niveau européen, une stratégie pour combattre cette toxicité et ces faux narratifs ».

Parmi les priorités de la nouvelle stratégie pour l’égalité LGBTQIA +, figurent la lutte contre les pratiques de conversion et contre les violences et le harcèlement haineux. Une enveloppe de 3,6 milliards d’euros a également été débloquée pour « aider les organisations de terrain » au niveau européen, souligne Anna Gray.

Un premier jugement attendu début 2026

A Bruxelles, les regards sont désormais tournés vers la cour de justice de l’Union européenne qui doit bientôt rendre un premier jugement, début 2026, concernant la loi « sur la protection de l’enfance », adoptée en 2021 en Hongrie, qui interdit l’affichage de contenus sur les personnes LGBTQIA + dans les programmes scolaires et les programmes télévisés destinés aux enfants de moins de 18 ans.

« C’est la première fois que six pays membres et le Parlement européen soutiennent la Commission dans ce combat judiciaire. Car cette loi viole plusieurs directives européennes mais également l’article 2 du traité européen sur le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités », indique Marc Angel.

Depuis 2019, seize Etats membres ont adopté une législation en faveur du mariage pour tous. Mais, en parallèle, le nombre d’atteintes anti-LGBTQIA + enregistrées en France a augmenté, lui, de 44,91 % en six ans*, et une personne LGBTQIA + sur trois déclare, en 2025, avoir déjà été victime de discrimination au moins une fois.

(*) En anglais dans le texte : « The Commission will facilitate exchanges of best practices among Member States to support the development of legal gender recognition procedures based on self-determination that are free from age restrictions. »

(*) Données Statista