Il est un peu moins de 7 heures du matin, ce 2 octobre, lorsque, à bord de la frégate militaire israélienne qui s’approche de nous, par notre tribord, un homme cri dans son haut-parleur : « Stop your engine ! Stop your engine ! » (arrêtez les machines).
Cela fait déjà plusieurs heures que les dix membres de l’équipage du Mia Mia – le voilier d’un peu moins de 13 mètres dont j’ai été nommé capitaine, quelques semaines plus tôt, au départ de Tunis de la Flottille Global Sumud – se préparent à cette opération de piraterie.
Sur la dernière photo du livre de bord que j’ai pu sauvegarder, il est noté à 19 h 25, le 1er octobre : « Préparation Interception. » La nuit est déjà tombée depuis une heure et nous venons d’assister, à environ 80 milles nautiques (environ 150 kilomètres) des côtes gazaouies, à l’arraisonnement du Sirius, le plus gros voilier de la flottille, parti le 31 août de Barcelone pour casser le blocus imposé par l’État d’Israël aux Palestiniens vivant dans la bande de Gaza.
Cinq hommes et une femme nous tiennent en joue
Nous sommes finalement à moins de 30 milles (55 kilomètres) de notre objectif lorsque les militaires israéliens s’en prennent à notre embarcation. Une deuxième frégate arrive par bâbord. Elle commence par nous arroser avec un canon à eau. Nous sommes tous rassemblés dans le cockpit, équipés de nos gilets de sauvetage et les mains en l’air. Nous coupons le moteur du voilier.
Un bateau pneumatique avance vers nous à grande vitesse. À bord, cinq hommes et une femme nous tiennent en joue. Quatre montent sur le « Mia-Mia » et nous font nous déplacer à l’avant du navire…