Il a sillonné le Caillou pour rencontrer différents acteurs de la discipline, former des éducateurs et repérer de jeunes talents. Philippe Salvan, cadre technique de la fédération française de volley-ball, cherche à amener certains profils vers le haut-niveau. Entretien.
Dans la salle Veyret de Rivière Salée, trois terrains de volley-ball côte à côte. Sur l’un d’eux, un groupe de filles. Sur le suivant, celui de jeunes repérés par le biais du sport scolaire. Le dernier est réservé aux pensionnaires du centre territorial d’entraînement. Ce large effectif s’est amenuisé tout au long de la semaine, en vue de constituer une équipe pour affronter un club de Wallis et Futuna, l’AS Fatima, ce mercredi midi.
Philippe Salvan a supervisé l’ensemble de ces joueurs et joueuses et identifié des potentiels pour aller plus haut. Parmi eux, des novices ou presque, comme Kyllian, 12 ans, qui mesure déjà un mètre 95. Après s’être déplacé à Ouvéa pour un évènement féminin, avoir proposé des formations aux éducateurs de clubs et aux sélectionneurs en vue des Jeux du Pacifique de 2027, il termine sa principale mission : la détection. L’occasion d’en savoir plus sur les ambitions de la fédération française pour le volley-ball calédonien.
NC La 1ère : C’est votre deuxième visite sur le territoire calédonien après celle de 2022. Sur le volet principal de votre mission, la détection, que venez vous chercher ?
Philippe Salvan : Nous recherchons des grands gabarits physiques ! C’est la première des choses pour nous. Il faut savoir que chez les adultes, au niveau international, la taille moyenne d’une fille est d’un mètre 85, et celle d’un homme est de deux mètres. On essaye de détecter ce genre de profil là. C’est le cas ici pour quasiment tout le monde : il y a des qualités physiques. On fait passer des tests de prédiction de taille à l’ensemble des joueurs détectés. La marge d’erreur à l’âge adulte et de +2 ou -2 centimètres. C’est quelque chose de très fiable. Pour nous, c’est un bon repère à condition de mener ce test régulièrement pour vérifier qu’il se révèle juste.
En plus des licenciés provenant de sept clubs du territoire, des jeunes issus du sport scolaire participaient à la détection.
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Une joueuse comme Sabine Haewegene, désormais en équipe de France, est un exemple du potentiel qui peut s’exprimer à très haut-niveau. Il y en a d’autres ?
P.S : Absolument. Sabine a connu les quarts de finale des championnats du monde. C’est une fierté pour le pays. Il y a aussi deux jeunes joueuses provenant de Lifou et de l’AS Païta, repérées lors de la détection de 2022. Marie Haeweng et Kelly Suvé sont maintenant en équipe de France des moins de 16 ans. C’est intéressant de voir que les détections permettent d’aller chercher le haut-niveau dans l’Hexagone, et pourquoi pas de devenir international dans la grande équipe de France, ou professionnel. Ici, les gens ont un peu de mal à se rendre compte que les joueurs et joueuses à haut-niveau gagnent très, très bien leur vie au volley-ball. C’est un métier et un ascenseur social.
Si vous recherchez avant tout de la taille, on vous a beaucoup entendu parler aux jeunes de mouvement et d’attention. Ce sont d’autres prérequis pour accéder à un pôle France ou au centre national de volley-ball ?
Je vais être un peu provocateur, mais je le dis gentiment et avec beaucoup de respect : les gens ont l’habitude ici de jouer un volley un peu kermesse où l’on est à l’Anse Vata, sur la plage, on joue en famille, un peu tranquille. Les joueurs reproduisent ce modèle-là, parce que c’est le modèle qui est quasiment le plus pratiqué. Ce que je dois amener lors de mes visites, c’est de montrer ce qu’est l’exigence, l’engagement, pour faire du volley-ball de compétition. Il y a une vraie différence. La pratique loisir est importante et fait plaisir à tout le monde. Elle est ancrée dans la culture océanienne. Mais nous, on parle de volley-ball pour tenter de devenir professionnel un jour.
Philippe Salvan, cadre technique de la fédération française de volley-ball.
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Dans les attitudes, qu’est ce que cela demande ?
C’est se déplacer constamment. On a expliqué aux jeunes que c’est une succession de petits sprints courts et de temps d’arrêt pour observer les situations. Sur certains entraînements cette semaine, les jeunes sont plutôt sur un rythme de « je marche tranquillement tout le temps ». Ils évoluent bien maintenant depuis quelques jours et nous sommes sur la bonne voie.

