L’industrie automobile allemande est en crise. Depuis la fin brutale des aides à l’achat des véhicules électriques fin 2023, le marché a plongé. Selon l’Agence fédérale pour l’automobile (KBA), le volume des immatriculations totales a reculé de 13,8% en juin 2025 par rapport à juin 2024. Ces mauvaises nouvelles ont été accompagnées de suppressions d’emplois massives chez les géants du secteur : Bosch doit couper près de 13 000 postes cette année, tandis que Audi, ZF et d’autres acteurs majeurs réduisent aussi leurs effectifs. Dans ce contexte, le gouvernement du chancelier Friedrich Merz a décidé de revenir en arrière en injectant trois milliards d’euros d’aide au secteur automobile jusqu’en 2029, un signal fort pour relancer ce maillon essentiel de l’économie allemande.

Avec le recul, le timing de suppression des aides n’était pas bon. Il coïncidait avec la montée en puissance de l’offre en voitures électriques venues de Chine, conjuguée à une demande intérieure en modèle “propres” moins forte et des coûts de transition élevés. Trois ténors de l’industrie automobile allemande (BMW, Mercedes et Volkswagen) ont d’ailleurs émis de sérieux doutes quant à la faisabilité de l’objectif européen d’une sortie totale du moteur thermique d’ici à 2035.

Des primes assez conséquentes

Selon les annonces récentes, des subventions seront désormais accessibles non seulement pour l’achat de véhicules neufs électriques, mais pour les voitures électriques d’occasion, une première notable. Cette mesure vise à élargir le pouvoir d’achat, surtout auprès des ménages modestes, et à dynamiser un marché de l’électromobilité en berne. Dans le détail, ces subventions pour les véhicules électriques neufs devraient tourner autour de 3 000 à 4 200 euros pour les particuliers, avec une nouvelle aide aux voitures électriques d’occasion pouvant aller jusqu’à environ 2 000-3 000 euros. Les entreprises bénéficient d’allègements fiscaux majeurs, avec la possibilité de déduire jusqu’à 40% du prix d’acquisition des véhicules zéro émission.

Parallèlement, l’exonération de la taxe annuelle sur les véhicules électriques (Kfz-Steuer) est prolongée jusqu’en 2035, un levier fiscal déterminant pour alléger le coût d’usage face aux motorisations thermiques. 

Enfin, ce retour en force des aides s’accompagne d’un plafond de prix des véhicules éligibles supérieur, puisqu’il passe de 70 000 à 100 000 euros, un geste supplémentaire pour élargir l’offre légale, notamment pour les flottes d’entreprise. Mais dans le même temps, le contexte budgétaire tendu suscite des inquiétudes. La perte de recettes fiscales pour les collectivités locales et les Länder pourrait atteindre 28 milliards d’euros sur cinq ans, provoquant une résistance interne notable.

L’Italie est aussi à la relance

Notons que l’Allemagne n’est pas le seul pays Européen à relancer cette politique d’aides aux voitures électriques. L’Italie a lancé en octobre 2025 un nouveau programme massif de subventions, doté d’un budget de 597 millions d’euros issu du Plan national de relance et de résilience (PNRR) financé par l’Union européenne. Encore plus ambitieux, il permet des subventions pouvant atteindre jusqu’à 11 000 euros pour les ménages les plus modestes, conditionnées à la mise à la casse d’un véhicule thermique de plus de 10 ans. Et contrairement à de nombreux pays, il concerne aussi bien les véhicules fabriqués au sein de l’UE, qu’aux imports, notamment chinois. L’objectif serait pour l’Italie de générer environ 60 000 immatriculations supplémentaires de voitures électriques d’ici juin 2026.

On le voit, si le moteur à combustion devrait survivre au fameux cap de 2035 fixé par l’Union Européenne, l’heure est aussi à la relance de la voiture électrique sur des marchés automobiles aussi importants que l’Allemagne et l’Italie. Le tout à grands coups de subventions !