Au XXIème siècle, aucune femme n’a piloté à l’occasion d’un Grand Prix de Formule 1. La question de la présence féminine en Formule 1 refait ainsi régulièrement surface, alors que le sport automobile se féminise et que de nouvelles générations de pilotes émergent. Le double champion du monde de F1, Mika Häkkinen, se montre optimiste : « Les pilotes féminines atteindront le plus haut niveau d’ici 2030, que ce soit Ella (sa fille, pilote de kart) ou quelqu’un d’autre ».

D’autres voix se montrent plus prudentes à l’instar de Stefano Domenicali, président de la Formule 1. En janvier 2022 avant le lancement de la F1 Academy, le dirigeant de la F1 estimait à l’inverse peu probable de voir une femme en F1 à court terme. « De manière réaliste, à moins d’un événement exceptionnel, je ne vois pas de femme faire son entrée en F1 dans les cinq prochaines années, insistait l’Italien. C’est très improbable. » Cette divergence d’avis pose ainsi une question centrale : faut-il donner une échéance à l’arrivée des femmes en F1 ?

 


L’égalité en piste reste un défi

En termes de performance, le constat est clair : les pilotes féminines peinent encore à égaler leurs homologues masculins en monoplace. Pourtant, le sport automobile doit évoluer pour s’accorder aux exigences du monde contemporain. La discipline doit, comme son audience, se féminiser. « Cette nouvelle génération de fans est composée à 40 % de femmes, soulignait Mika Hakkinen. Ce sport doit refléter cette réalité. »

Des initiatives existent déjà pour encourager les jeunes femmes à progresser. La F1 Academy, dirigée par Susie Wolff, ancienne pilote et épouse de Toto Wolff, est un championnat exclusivement féminin qui se déroule en soutien des manches de F1. L’Écossaise elle-même est la dernière femme à avoir participé à un week-end de Grand Prix aux premiers essais libres avec Williams, en 2014 à Silverstone. Toutefois, le sujet reste controversé. Sophia Floersch critique d’ailleurs ouvertement les catégories réservées aux femmes. Sur les réseaux sociaux, elle a adressé un message à Marta García, gagnante de la F1 Academy en 2023, dénonçant l’utilisation des jeunes femmes pour « faire du marketing à court terme ». Pour l’Allemande, ces initiatives relèvent du « Pink Washing ».

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Les obstacles dans les catégories mixtes

Sans faire injure aux brillantes pilotes qui visent la Formule 1, même parmi les pilotes féminines les plus proéminentes, les résultats restent encore limités. Si certaines, comme Jamie Chadwick, Marta García ou Doriane Pin, ont brillé ou brillent en W Series ou en F1 Academy, elles plafonnent généralement face à la compétition mixte. D’autres, comme Sophia Floersch et Tatiana Calderón ont réussi à atteindre les formules de promotion, voire l’antichambre de la F1 dans le cas de la Colombienne. Néanmoins aucune femme n’a intégré la Formule 1 depuis Maria Teresa de Filippis et Lella Lombardi dans les années 50 et 70 respectivement.

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L’Endurance, un terrain plus favorable

Certaines femmes se distinguent toutefois en Endurance. Lilou Wadoux est ainsi la première femme à décrocher une victoire de catégorie à Petit Le Mans depuis Liz Halliday en 2005. Jamie Chadwick réalise également une saison remarquable en 2025 avec IDEC Sport, marquée par trois victoires en LMP2 – à Barcelone, au Castellet et à Silverstone. De son côté, Doriane Pin s’est aussi illustrée en WEC avec Prema Racing en LMP2 dès 2023, où elle a signé un podium aux 1000 Miles Sebring. L’année précédente, elle avait en outre remporté les 24 Heures de Spa – Gold Cup et les 4 Heures de Portimão en ELMS, signant ainsi une année exceptionnelle en compagnie de ses coéquipières des Iron Dames.

Malgré les initiatives comme la F1 Academy et le test réservé aux femmes de la FE, ces dernières peinent encore à s’imposer en monoplace mixte, et certaines catégories féminines sont critiquées pour leur instrumentalisation à des fins marketing. L’arrivée des femmes en F1 semble toujours lointaine et une arrivée en 2030 paraît ainsi très optimiste.

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