Lomepal, ici en septembre 2021 à Deauville, est à nouveau accusé de viol par quatre femmes dans les colonnes de « Libération ».

Sylvain Lefevre / WireImage

Lomepal, ici en septembre 2021 à Deauville, est à nouveau accusé de viol par quatre femmes dans les colonnes de « Libération ».

VIOLENCES SEXUELLES – Il n’en a pas fini avec la justice. De nouveaux témoignages accusant le rappeur Lomepal de viol ont été publiés ce vendredi 17 octobre par Libération, quelques mois après que de premières plaintes ont été classées sans suite « faute d’éléments matériels suffisants ». D’après le quotidien, une « nouvelle plainte » a été déposée le 1er août et mettrait en avant des « incohérences jamais soulevées » dans la défense de l’artiste.

Sur les quatre femmes citées par Libération, deux ne s’étaient jamais exprimées dans la presse et trois ont été déboutées par la justice en janvier. Miranda Starcevic, 32 ans, témoigne pour la première fois à visage découvert, après avoir parlé à Mediapart sous pseudonyme. Sa plainte contre Lomepal, classée, a été déposée pour un rapport qu’elle décrit comme « violent » et non consenti en mars 2017 à New York. Le rappeur, Antoine Valentinelli de son vrai nom, a qualifié ses accusations de « mensonges » face à la police.

La deuxième plaignante déboutée et citée par Libération est Raphaëlle*, 19 ans au moment des faits dont elle accuse Lomepal et qui remontent à février 2018. Elle assure que celui-ci a entamé et poursuivi un rapport malgré son opposition et alors qu’elle lui aurait affirmé se sentir « pas bien », ce à quoi il aurait répondu : « Tu es juste stressée parce que je suis connu, j’ai l’habitude. » Antoine Valentinelli a indiqué aux enquêteurs « ne pas se rappeler » de ce déroulé des faits et avoir cru que Raphaëlle se sentait mieux.

« C’est quoi que tu ne comprends pas quand on te dit non ? »

Le troisième témoignage est celui de Marie*, qui a elle aussi vu sa plainte classée en janvier. Cette plaignante, qui a déjà témoigné dans Mediapart, accuse Lomepal d’un viol qui aurait eu lieu en 2017. Alors en relation « ni exclusive, ni romantique » avec le rappeur, elle dormait chez lui lorsqu’elle aurait été réveillée par « la douleur » d’une pénétration anale entamée sans son consentement et poursuivie malgré son refus.

« C’est quoi que tu ne comprends pas quand on te dit non ? », aurait lancé Marie après les faits. Et Antoine Valentinelli de répondre, selon elle : « On sait très bien ce que ça veut dire quand vous dites non ». Entendu par la justice lors d’une confrontation avec son accusatrice, il a assuré que son récit était de la « science-fiction ». La quatrième accusatrice citée par Libération témoigne pour la première fois. Audrey*, 28 ans, a rencontré Lomepal en boîte de nuit à l’automne 2018 après le succès de son album Flip, sacré disque d’or.

Elle assure que le rappeur l’a draguée, raccompagnée chez elle, puis qu’il aurait insisté pour rentrer alors qu’elle aurait répété « vouloir dormir ». Une fois en haut, il l’aurait embrassée alors qu’elle le « rembarr[ait] ». La victime présumée explique avoir laissé faire, comprenant n’avoir « aucune prise », et raconte que l’artiste l’a traitée de « pute » en partant.

Un système judiciaire « froid » qui ne « considère » pas les victimes

Plusieurs années après les faits présumés et alors que plusieurs plaintes ont été classées, la machine judiciaire est relancée par une nouvelle plainte déposée le 1er août, rapporte Libération. Marie et Miranda Starcevic se sont constituées parties civiles, l’avocate de la seconde regrettant les classements sans suite prononcés en janvier. « Il n’a pas été tenu compte du caractère évolutif du récit de M. Valentinelli » et des « contradictions présentes […] entre ses dires et ceux de ses proches », a déclaré Me Frédérique Pollet-Rouyer.

Confrontés aux témoignages des quatre accusatrices parus dans Libération, les conseils de Lomepal – Mes Julie Benedetti et Jacqueline Laffont – ont affirmé que « la justice a fait son travail et a rendu sa décision » au terme d’une « longue enquête » reposant sur de « très nombreux éléments matériels ». « Ses anciennes compagnes, son entourage, les témoins de chaque relation concernée ont été auditionnés », font-elles valoir.

Une version contestée par Marie, qui assure que certains amis « nommés dans [ses] déclarations » et celles du rappeur « n’ont même pas été rappelés ». Si la jeune femme revient devant la justice en tant que partie civile, ce n’est pas le cas d’Audrey, qui ne veut pas « à ce jour porter plainte », ou de Raphaëlle qui faisait partie des premières plaignantes.

Celle-ci dénonce dans l’article la « froideur du système » judiciaire et le « manque de considération » pour les victimes. « Je ne me sens pas en capacité d’affronter la longue attente jusqu’à un jugement final », explique celle qui confie que ses précédentes démarches judiciaires l’« empêchent de travailler à [sa] reconstruction ».

*Le prénom a été modifié par Libération.