Depuis le début de la semaine, le président américain Donald Trump appelle de ses vœux des pourparlers «directs» avec l’Iran sur la question du nucléaire.
Discuter avec les États-Unis, oui, mais pas négocier directement avec Donald Trump. Après s’être dit prêt à ouvrir le dialogue, à condition que celui-ci se déroule «sur un pied d’égalité» samedi 5 avril, l’Iran précise qu’un dialogue direct avec le président américain n’est pas envisageable. Négocier directement avec les États-Unis «n’aurait aucun sens», a affirmé le chef de la diplomatie iranienne.
Les pays occidentaux, États-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. L’Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire n’existent qu’à des fins civiles, notamment pour l’énergie. Donald Trump a adressé le mois dernier une lettre aux dirigeants iraniens appelant à des négociations sur leur programme nucléaire. Jeudi 3 avril, le président américain suggéré des pourparlers «directs», tout en menaçant de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie et pris des sanctions supplémentaires à l’encontre du secteur pétrolier iranien.
«Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (…) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n’auraient pas de sens», a déclaré samedi soir le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère. «Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes», a-t-il ajouté.
«À quoi bon menacer?»
L’Iran et les États-Unis, proches alliés durant la monarchie Pahlavi, n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, après la prise d’otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique. Les deux pays échangent toutefois indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d’Oman a également joué un rôle de médiateur dans le passé, et le Qatar dans une moindre mesure. La lettre de Donald Trump a été remise à l’Iran par le biais des Émirats arabes unis.
Mais le président américain insiste pour tenir des négociations directes avec l’Iran. «Cela va plus vite et vous comprenez beaucoup mieux l’autre camp qu’en passant par des intermédiaires», a argué le président américain. Les Iraniens «voulaient des intermédiaires» mais «je ne pense pas que ce soit encore le cas», avait ajouté Donald Trump à bord de l’avion présidentiel Air Force One. «Si l’on veut négocier, à quoi bon menacer?», s’est interrogé samedi le président iranien Massoud Pezeshkian, élu l’an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l’Occident afin d’obtenir un allègement des sanctions pour relancer l’économie.
L’Iran a conclu en 2015 un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l’Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires. Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes. En 2018, Donald Trump a retiré avec fracas son pays de l’accord durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En représailles, l’Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire. L’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire mais «n’aura d’autre choix que de le faire» en cas d’attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.