C’est un « big bang » jamais vu dans le système ferroviaire français. Comme l’exige la loi, les lignes exploitées par la SNCF en situation de monopole seront peu à peu ouvertes à la concurrence en Île-de-France.

Au même titre que les bus et les tramways, les lignes Transilien (H, J, K, L, N, P, R, et U), ainsi que les RER, seront au fil du temps constituées en « lots » soumis à un appel d’offres. Le conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France, s’est réuni ce vendredi pour voter le nouveau calendrier de cette longue transition.

Tous les dix ans environ, les opérateurs pourront postuler à la gestion de délégations de service public (DSP). Ce nouvel environnement concurrentiel doit permettre, d’après IDFM, d’« atteindre une performance industrielle dans la production de service de haute qualité », ainsi qu’« une optimisation du rapport qualité/prix ».

Ce processus a déjà débuté. Après une partie de la ligne P (Esbly-Crécy, rebaptisée T14), en mars, la ligne L changera d’exploitant dans un an, en décembre 2026. Cet axe historique restera cependant dans le giron du groupe SNCF, puisque c’est une filiale de SNCF Voyageurs qui a remporté ce lot, devant des concurrents tels que RATP Dev.

Des « périmètres de lots » redéfinis

Et après ? Compte tenu de l’extrême complexité du réseau ferroviaire historique, le calendrier d’origine de l’ouverture des procédures, établi en 2020, a dû être remis à plat par IDFM.

La nature des infrastructures, les travaux à venir, le matériel roulant… Tout a dû être pris en compte pour définir des périmètres de lots cohérents et pertinents. « On a eu pas mal de questions autour du sujet, confie Laurent Probst, le directeur général d’IDFM. Pour mettre en concurrence une ou plusieurs lignes de trains, il faut une unité pour que le nouveau gestionnaire puisse l’exploiter correctement. »

Le délai nécessaire entre la publication de l’appel d’offres et l’arrivée d’un nouvel exploitant étant de « 4 ans et demi environ », les dates initiales prévues pour la fin effective du monopole de la SNCF ont été décalées de plusieurs années. Et certaines lignes ont été regroupées entre elles.

La ligne J sera ainsi attribuée mi-2026, et son futur opérateur prendra les rênes en décembre 2027 au lieu de décembre 2026. Les lignes N, V et R suivront, fin 2029. Puis ce sera au tour de la ligne U (2030), du « bloc RER D, H et K » (2031), de la ligne P (2032), du RER E (2032) et du RER C (2039). Les RER A et B, coexploités avec la RATP, entreront dans le jeu de la concurrence en 2039.

Inquiétudes sur « l’étoile de Corbeil »

Le rattachement de « l’étoile de Corbeil » au lot « ligne R » inquiète déjà plusieurs élus. « Cette option présente de nombreux risques techniques, sociaux et opérationnels, alors même que la direction reconnaît en interne que l’option 1, à savoir maintenir l’Étoile dans le périmètre de la ligne D, était la plus robuste et la plus cohérente », juge Jean-Baptiste Pegeon (Les Ecologistes), administrateur chez IDFM.

Il craint que « la fragmentation du réseau rende la gestion des travaux et la modulation de l’offre beaucoup plus complexes, au détriment de la continuité et de la qualité du service pour les usagers ».