Comme nous vous l’expliquions au début du mois d’octobre, la façon dont est organisé le processus pour pouvoir présenter une candidature en bonne et due forme à l’élection présidentielle de la FIA a rendu quasiment impossible pour tout candidat – en dehors du président sortant Mohammed Ben Sulayem – d’être dans les clous.

Pour résumer, les candidats ont jusqu’au 24 octobre pour soumettre une candidature, cette dernière comprenant la désignation de la liste présidentielle, à savoir des personnes qui se présenteront aux côtés desdits candidats pour occuper certains postes clés, dont la présidence du Sénat ou encore un certain nombre de vice-présidences. Or, dans ce cadre, il est nécessaire de présenter notamment sept vice-présidents chargés du sport avec des conditions géographiques. 

Ce qui coince en vue de l’élection de décembre, c’est à la fois qu’il faut dans chaque liste un candidat pour représenter l’Amérique du Sud mais aussi – comme pour tous les autres – que celui-ci soit éligible au Conseil mondial du Sport automobile. Or, la seule personne qui répond à ces deux critères n’est autre que Fabiana Ecclestone… qui est déjà à ce poste sous la présidence de Ben Sulayem et se représente bien à ses côtés pour un second mandat.

Il n’y aura qu’un seul candidat, le président sortant. Et ce n’est pas de la démocratie. C’est l’illusion de la démocratie.

Il est donc évident depuis que la liste des candidats potentiels à tous ces postes est connue – même si aucune confirmation officielle n’est intervenue puisque le processus de dépôt des candidatures est par définition toujours en cours – que seul Ben Sulayem pourra répondre à toutes les conditions pour se présenter. Ce faisant, il s’avance donc vers une réélection sans concurrent.

Ce vendredi, alors que s’apprête à débuter le Grand Prix des États-Unis à Austin, dont il est par ailleurs un responsable, Tim Mayer n’a pu que concéder une inéluctable défaite lors d’une prise de parole : « L’élection du président de la FIA est terminée, mais notre campagne ne l’est pas, tout comme notre mission de protéger l’intégrité et la réputation de la FIA. »

« Comment une élection peut-elle être terminée alors que le scrutin n’aura lieu que dans plus de deux mois ? Eh bien, cette fois-ci, il n’y aura pas d’élection. Il n’y aura pas de débat entre les idées, pas de comparaison des visions, pas d’examen du leadership. Il n’y aura qu’un seul candidat, le président sortant. Et ce n’est pas de la démocratie. C’est l’illusion de la démocratie. »

Mayer pointe des « violations éthiques » dans le processus électoral
Mohammed Ben Sulayem est désormais proche d'une réélection sans concurrent à la tête de la FIA.

Mohammed Ben Sulayem est désormais proche d’une réélection sans concurrent à la tête de la FIA.

Photo de: Simon Galloway / LAT Images via Getty Images

Pour l’Américain, qui fut longtemps commissaire auprès de la FIA avant d’être évincé, la situation de la fédération – qui n’offre pas les conditions pour une véritable élection – est particulièrement critique : « Si la FIA continue dans cette voie, elle risque de subir de graves conséquences. Bon nombre des plus grands clubs ont déjà fait part de leurs inquiétudes, et les principaux investisseurs dans le sport automobile, qui exigent des mesures de gouvernance strictes, critiquent ouvertement la FIA. »

« La FIA et le sport automobile perdront des revenus si les investisseurs ne peuvent pas faire confiance à leurs dirigeants pour gérer leurs engagements financiers à grande échelle. La crédibilité de la FIA n’est pas un dû. Elle doit être gagnée par la transparence, la responsabilité et l’intégrité. »

Nous sommes convaincus qu’une série de violations éthiques ont été commises au cours de ce processus électoral.

Mayer a également ajouté que des plaintes éthiques ont été déposées par son équipe concernant la façon dont le processus électoral s’est déroulé, même s’il n’affiche pas une vision optimiste de leur issue : « Nous sommes convaincus qu’une série de violations éthiques ont été commises au cours de ce processus électoral, et nous avons désormais déposé de nombreuses plaintes éthiques. »

« En supposant que le comité d’éthique juge nos plaintes fondées, à qui cette affaire sera-t-elle transmise pour qu’une action soit entreprise ? Au président de la FIA ou au président du Sénat, deux parties en conflit. Et les statuts ne prévoient aucune autre méthode ni aucun recours. Où est la responsabilité ? C’est ainsi que les institutions faillissent, et c’est ainsi que le pouvoir devient sans limites. »

Il est à noter que l’une des autres candidats à la présidence de la FIA, Laura Villars, a déjà fait part de ses doutes sur la légitimité du processus suite à la publication des candidat éligibles au Conseil mondial et n’excluait elle-même pas d’agir sur le plan juridique alors qu’elle a engagé des échanges avec l’instance.

Avec Stuart Codling et Benjamin Vinel

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