Nouveau moment gênant pour Volodymyr Zelensky, qui était reçu à la Maison-Blanche ce vendredi, afin d’évoquer l’aide militaire apportée à son pays, lorsque Donald Trump lui a demandé ce qu’il pensait d’un éventuel tunnel ferroviaire reliant les États-Unis à la Russie…

Tout a commencé jeudi soir, après l’échange téléphonique de Donald Trump et Vladimir Poutine, lorsqu’un envoyé du Kremlin a suggéré que la Russie et les États-Unis devraient construire un tunnel ferroviaire « Poutine-Trump » sous le détroit de Béring afin de relier leurs pays.

« Imaginez relier les États-Unis et la Russie, les Amériques et l’Afro-Eurasie avec le tunnel Poutine-Trump, une liaison de 112 km symbolisant l’unité. Le coût traditionnel est supérieur à 65 milliards de dollars, mais la technologie de @boringcompany pourrait le réduire à moins de 8 milliards de dollars. Construisons un avenir ensemble », a écrit Kirill Dmitriev sur X, s’adressant indirectement à Elon Musk, PDG de l’entreprise américaine de construction de tunnels The Boring Company. Ce projet, financé par Moscou et des « partenaires internationaux », serait réalisé en moins de huit ans.

Interrogé à ce sujet, vendredi, par un journaliste lors de sa réunion avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump a qualifié l’idée d’« intéressante », avant de demander à son homologue ukrainien ce qu’il en pensait : « Je ne suis pas satisfait de cette idée », a-t-il répondu, provoquant les rires de la partie américaine.

Les États-Unis ne sont plus l’allié d’antan

Cet épisode n’est pas sans rappeler la scène choquante survenue, en direct, dans le Bureau ovale en février, lorsque Donald Trump et son Vice-président J.D. Vance avaient reproché au dirigeant ukrainien de ne pas porter de costume et de ne pas avoir remercié les États-Unis pour leur aide financière et militaire depuis le début de l’invasion russe. Cette séquence, brutale et humiliante, avait donné le ton : les États-Unis n’étaient plus l’allié d’antan.

Depuis, le ton a tout de même évolué, entre la volonté affichée par Volodymyr Zelensky d’« arranger les choses » et la frustration grandissante de Donald Trump qui, malgré ses efforts, n’obtient rien de Vladimir Poutine. Mais la complaisance du républicain à l’égard de son homologue russe est flagrante.

Pour preuve, après avoir évoqué la possibilité de fournir des missiles Tomahawks à Kiev pour se défendre contre la Russie, le président américain a fait marche arrière quelques heures après s’être entretenu avec Vladimir Poutine, au prétexte qu’il ne pouvait pas appauvrir les réserves américaines de ces missiles. Volodymyr Zelensky s’est dit « réaliste » ce vendredi en sortant de la Maison-Blanche, se disant en faveur d’une rencontre trilatérale avec Donald Trump et Vladimir Poutine, alors que ces derniers ont prévu de se rencontrer à Budapest, en Hongrie, seuls.

Ce vieux rêve d’un tunnel américaino-russe

Pour ceux qui s’interrogent, le détroit de Béring, large de 82 km à son point le plus étroit, sépare la vaste région russe peu peuplée de Tchoukotka de l’Alaska. Des idées visant à les relier existent depuis au moins 150 ans. Les petites îles Diomède, l’une russe et l’autre américaine, se trouvent au milieu du détroit, à seulement 4 km l’une de l’autre.

« Le rêve d’une liaison entre les États-Unis et la Russie via le détroit de Béring reflète une vision durable, depuis le chemin de fer Sibérie-Alaska de 1904 jusqu’au projet russe de 2007. Le RDIF a étudié les propositions existantes, y compris le chemin de fer États-Unis-Canada-Russie-Chine, et soutiendra la plus viable », a poursuivi Dmitriev sur X, directeur du fonds souverain russe RDIF en question.

À Découvrir



Le Kangourou du jour

Répondre



Au-delà du tunnel lui-même, la construction et la modernisation des infrastructures des deux côtés du détroit coûteraient une somme colossale. Les routes et les voies ferrées existantes en Tchoukotka sont pour le moins rares.

Dmitriev a déclaré qu’un projet de « pont de la paix mondiale Kennedy-Khrouchtchev » au-dessus du détroit avait été envisagé pendant la guerre froide. Il a publié un croquis de l’époque représentant le tracé qui avait été envisagé, ainsi qu’un graphique montrant celui que pourrait emprunter le nouveau tunnel. « Le RDIF a déjà investi dans la construction du tout premier pont ferroviaire entre la Russie et la Chine. Le moment est venu d’aller plus loin et de relier les continents pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Le moment est venu de relier la Russie et les États-Unis », a déclaré Dmitriev.

Toute l’actualité à 1€ le premier mois

S’abonner

ou