Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé jeudi 15 mai avoir entamé des discussions pour mettre en place hors des frontières de son pays des « centres de retour » pour les demandeurs d’asile déboutés, une formule comparable à celle envisagée par l’Union européenne.

« Nous sommes en discussions avec un certain nombre de pays à propos de centres de retour, je les considère comme une innovation vraiment importante », a déclaré le dirigeant travailliste en déplacement à Tirana, lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue albanais Edi Rama.

Il n’a pas souhaité donner davantage de détails sur la façon dont ces « hubs » fonctionneraient, indiquant simplement qu’il s’agissait de rendre plus efficaces les expulsions des personnes n’ayant pas le droit de rester au Royaume-Uni.

Il n’a pas non plus précisé avec quels pays ces pourparlers étaient menés.

« Cela s’appliquera essentiellement aux personnes qui ont épuisé toutes les voies légales pour rester au Royaume-Uni mais qui tentent de gagner du temps, en perdant leurs papiers ou en utilisant d’autres tactiques pour entraver leur expulsion », a indiqué un porte-parole de Keir Starmer.

Edi Rama a précisé que l’Albanie n’avait pas vocation à accueillir un « centre de retour » britannique. Le dirigeant albanais a déjà signé avec l’Italie un accord prévoyant l’ouverture de deux centres de rétention dans son pays, gérés par Rome, et destinés à des migrants en situation irrégulière en Italie.

« Modèle qui demande du temps »

« C’est un modèle qui demande du temps pour être testé », a-t-il dit, alors que ces centres sont quasiment vides depuis leur ouverture.

« C’est un modèle qui, s’il fonctionne, pourra être repris, non en Albanie, mais dans les autres pays de la région », a ajouté Edi Rama, qui lance son quatrième mandat de Premier ministre suite à la victoire de son parti aux législatives albanaises de dimanche.

L’Union européenne a aussi ouvert la voie récemment à de tels « centres de retour » hors de ses frontières. Ces centres de rétention externalisés pour les personnes dont la demande d’asile serait rejetée sont critiqués par les ONG, qui redoutent de les voir se transformer en zones de non-droit.

À son arrivée au pouvoir en juillet, le gouvernement travailliste de Keir Starmer a abandonné le projet controversé des conservateurs d’expulser des demandeurs d’asile et migrants vers le Rwanda.

Selon un schéma un peu différent, les conservateurs prévoyaient d’envoyer certains demandeurs d’asile dans ce pays d’Afrique, où leur dossier de demande d’asile aurait été étudié.

Keir Starmer s’est engagé à réduire l’immigration — légale comme illégale — au Royaume-Uni.

Sous pression avec la progression du parti d’extrême droite Reform UK, Keir Starmer a annoncé lundi une feuille de route pour réduire l’immigration légale, notamment en restreignant les conditions d’accès à la nationalité et en empêchant le recrutement à l’étranger pour le secteur des soins aux personnes âgées.

« Ile d’étrangers »

Ces mesures se sont accompagnées d’un durcissement de la rhétorique employée à propos des immigrés, Keir Starmer évoquant le risque pour le Royaume-Uni de devenir « une île d’étrangers ».

Sur le plan de l’immigration illégale, Keir Starmer s’est engagé à combattre les réseaux de passeurs. Mais les chiffres d’arrivées de migrants traversant la Manche à bord d’embarcations de fortune ne cessent d’augmenter. Quelque 36 800 migrants ont ainsi gagné les côtes anglaises l’an dernier, et près de 13 000 depuis le début de l’année, plus que l’an dernier sur la même période.

Le nombre de demandeurs d’asile a triplé au Royaume-Uni ces dernières années, avec 84 200 demandes en 2024, contre une moyenne de 27 500 entre 2011 et 2020, selon des chiffres officiels.

Keir Starmer se trouve en Albanie pour renforcer la coopération avec ce pays contre l’immigration illégale. Tirana et Londres ont déjà signé un accord de coopération en 2022 sous le précédent gouvernement conservateur, prévoyant que les Albanais arrivés au Royaume-Uni en bateau puissent directement être renvoyés dans leur pays.

Cela a permis de réduire de 95 % les arrivées d’Albanais ces trois dernières années, et de doubler le nombre d’Albanais renvoyés dans leur pays ces deux dernières années, selon Downing Street.

Les cinq principales nationalités de migrants arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche en 2024 étaient les Afghans, les Syriens, les Iraniens, les Vietnamiens et les Érythréens.

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