C’est un nouveau revers pour la France. L’agence de notation S & P Global Ratings a annoncé vendredi soir abaisser d’un cran la note souveraine du pays, désormais fixée à A +. Une décision motivée, selon elle, par une « incertitude élevée » autour de la trajectoire budgétaire française, malgré la présentation du projet de loi de finances 2026 cette semaine.

C’est la deuxième fois en un an et demi que S & P sanctionne la France. En mai 2023, la note avait déjà été abaissée de AA à AA-. Cette fois, la note long terme passe de AA- à A +, tandis que la note court terme glisse de A-1 + à A-1. Les perspectives restent stables, indique l’agence, qui anticipe une dette publique brute atteignant 121 % du PIB en 2028, contre 112 % fin 2024.

Bercy « prend acte » mais réaffirme sa feuille de route

S & P considère que « l’objectif de déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 sera atteint », mais avertit qu’« en l’absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l’assainissement budgétaire sera plus lent que prévu ». A Bercy, la réaction est restée mesurée. Le ministre de l’Economie Roland Lescure a dit « prendre acte » de la décision. Son ministère a ajouté que « le gouvernement confirme sa détermination à tenir l’objectif de déficit de 5,4 % du PIB pour 2025 ».

Le communiqué ministériel rappelle que le projet de loi de finances présenté le 14 octobre vise à « accélérer la réduction du déficit public à 4,7 % du PIB tout en préservant la croissance ». Selon Bercy, « il s’agit d’une étape clef qui nous permettra de respecter l’engagement de la France à ramener le déficit public sous 3 % du PIB en 2029 ». Le ministère souligne également que « c’est désormais la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l’adoption d’un budget qui s’inscrit dans ce cadre avant la fin de l’année 2025 ».

Un contexte budgétaire et politique tendu

Cette dégradation intervient dans un climat de forte tension budgétaire. Les charges d’intérêts sur la dette française sont estimées à 55 milliards d’euros pour 2025, un niveau record, alors que les taux auxquels la France emprunte se sont envolés depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

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La note française rejoint désormais celle de l’Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine. Une situation qui fragilise la crédibilité financière de Paris à quelques jours de la décision très attendue de Moody’s, prévue le 24 octobre. Le mois dernier déjà, Fitch Ratings avait abaissé la note souveraine de la France à A +, invoquant à la fois « l’instabilité politique persistante » et « les incertitudes budgétaires ».