Il est 20 heures. 45 minutes avant le coup d’envoi. Le beau soleil d’automne est parti se coucher. Maillot floqué en hébreu reconnaissable, un membre du staff de l’Hapoël Tel Aviv traverse tranquillement le boulevard de la Chapelle (XVIIIe). Il se dirige vers la supérette au coin de la rue du même nom, au pied des statues dorées des femmes illustres qui ont embelli la cérémonie d’ouverture des Jeux.

Personne ne l’importune et il ressort avec son petit sac de courses en toute quiétude. Il se sent en sécurité. Les gyrophares des dizaines de cars de police qui entourent l’Adidas Arena éclairent alors la nuit. Point de rassemblement non autorisé, de drapeau palestinien ni trace de la moindre revendication à l’horizon. L’esplanade de l’Adidas Arena se remplit doucement mais il n’y a pas foule non plus.

La soirée était pourtant classée à risques en raison du contexte international. Malgré le cessez-le-feu à Gaza en vigueur depuis quelques jours, la venue d’un club israélien, en l’occurrence l’Hapoël Tel Aviv, met les forces de sécurité en éveil. Tout autour de la porte de la Chapelle, des dizaines et des dizaines de policiers solidement armés veillent au grain. « C’est normal que les policiers soient en nombre. J’en vois partout et c’est une bonne chose, remarque Yann en sortant de la bouche de métro la plus proche, elle aussi bien gardée. On n’est jamais à l’abri d’un abruti qui veut sa minute de célébrité pour mettre le bordel. »

« Ça ne nous a pas empêchés de venir en tout cas, complète son copain Maxime. On veut voir un match de basket, pas un meeting politique. » « Ça n’arrivera pas, insiste un fan de Tel Aviv qui les entend. L’Hapoël n’est pas un porte-parole de Netanyahou. C’est même historiquement un club opposant, plus traditionnellement orienté à gauche. »

« Il y a le PSG qui joue pas loin »

Pour éviter néanmoins tout débordement, les fouilles à l’entrée sont strictes. Pas question de laisser entrer le moindre drapeau aux couleurs de la Palestine. Dans l’Arena, seuls sont autorisés les drapeaux représentants les deux équipes. Un PC sécurité a pris place dans le petit salon de la presse, interdit pour cette fois aux habitués des lieux.

Ce fut déjà la mesure en vigueur en début d’année quand l’autre club de Tel Aviv, le Maccabi, était venu ici. Le club israélien reviendra début avril 2026 et le même dispositif devrait alors être remis en place.

La salle est peu remplie au coup d’envoi du match. Les gradins du haut sont fermés et ils ne sont que 3 ou 4 000 fans présents. Parmi eux, une poignée de supporters de l’Hapoël tout de rouge vêtus et eux aussi très calmes. « À mon avis, personne n’a craint pour la sécurité, pense Yoann, croisé dans un couloir assez désert. C’est juste que pour le Paris Basketball qui joue tous les 3 jours, ce n’est pas l’affiche la plus clinquante de l’année qu’on veut voir à tout prix. Il y en aura d’autres et des plus belles. Il y a le PSG qui joue pas loin (contre Strasbourg), c’est un vendredi de départ en vacances. Il y a plein d’autres bonnes raisons pour expliquer la faible affluence. »

Même le Kop Parisii qui anime habituellement les soirées est resté d’une rare discrétion. Au final, le match a pu se dérouler normalement, sans accroc, ni débordement.

C’est pour le Paris Basketball que la soirée a été la plus compliquée. Il s’est incliné à la dernière seconde d’un petit point devant une formation emmenée par un ancien de la maison, Collin Malcom, sacré champion de France avec lui en juin. « Nous n’avons pas réussi à faire tout ce que nous voulions. C’est une défaite douloureuse » réagit le coach Francesco Tabellini.