Sur les bords d’une route de Charente-Maritime se trouve un jardin extraordinaire. Le lieu regorge de plus de 300 statues entièrement faites de ciment : toutes ont été imaginées et façonnées par un seul homme, Gabriel Albert. Ancien menuisier, il a attendu de prendre sa retraite pour réaliser cette passion.

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Au milieu des champs à perte de vue, Nantillé, un petit hameau d’un peu plus de 300 habitants, situé à l’est de la Charente-Maritime, possède un lieu hors du commun : le jardin de Gabriel. Situé sur le bord de la route D129, il abrite plus de 300 statues en ciment et de taille différente. Personnalités célèbres, animaux ou caricatures des habitants de son village, toutes ces créations sont l’œuvre d’un seul et même homme, Gabriel Albert.

Fils de paysans, Gabriel Albert s’est pris de passion pour la sculpture depuis son enfance, au début du XXe siècle : « Quand il était petit, il allait dans le jardin de ses parents modeler des vases et des petites statuettes, qu’il mettait en évidence », raconte Nadine Théau, assistante patrimoine pour la communauté de communes Vals de Saintonge. Mais selon elle, Gabriel Albert était né beaucoup trop tôt, ou du moins pas dans la bonne époque pour espérer faire de sa passion, le métier de ses rêves. « Il n’a pas pu faire les Beaux-arts… À l’époque, ça ne se faisait pas », ajoute-t-elle.

Dans son jardin, Gabriel Albert a positionné minutieusement chacune de ses œuvres.

Dans son jardin, Gabriel Albert a positionné minutieusement chacune de ses œuvres.

© Photo confiée par Nadine Théau

Une fois sa carrière de menuisier mise de côté, Gabriel Albert décide de se lancer dans la sculpture après sa retraite, une « passion qui le tenait depuis des années », précise Nadine Théau. « Gabriel Albert était un monsieur qui avait toujours rêvé de faire de la sculpture. » De 1969 à 1989, Gabriel Albert conçoit, moule, façonne ses personnages : au total, il en fabrique plus de 400. Le tout, venant entièrement de son imagination. Parmi les statues en ciment, on peut trouver des gens de son entourage, des militaires, des marins, des danseuses, des animaux ou encore des personnalités célèbres de l’époque comme Jacques Brel, Charlie Chaplin, Jacques Chirac ou le général de Gaulle.

Au milieu de ces statues se trouve la maison de Gabriel Albert, là où il a vécu jusqu'à sa mort en l'an 2000.

Au milieu de ces statues se trouve la maison de Gabriel Albert, là où il a vécu jusqu’à sa mort en l’an 2000.

© Photo confiée par Nadine Théau

Gabriel Albert est ce que l’on appelle un habitant paysagiste : en 1977, l’architecte Bernard Lassus utilise dans son ouvrage Jardins imaginaires, le terme « habitants-paysagistes » pour désigner des personnes qui ont entrepris de faire de leur environnement quotidien, comme une maison ou un jardin, une création personnelle. L’ancien menuisier confectionnait toutes ces œuvres dans son atelier, installé au fond de son jardin. Vingt-cinq ans après sa mort, le lieu demeure intact. On trouve encore ses outils, rouillés et poussiéreux par le temps, mais aussi des mains en ciment, accrochées sur une poutre et remplie de toiles d’araignée, et des visages rassemblant à des masques mortuaires.

Plus de 300 statues sont présentes dans le jardin de Gabriel.

Plus de 300 statues sont présentes dans le jardin de Gabriel.

© Photo confiée par Nadine Théau

Pendant plus de 20 ans, Gabriel Albert a façonné plus de 400 statues : aujourd’hui, on en retrouve un peu plus de 300 dans son jardin car « une partie de ses statues a été volée et l’autre partie est conservé et caché », précise Jeanne Debats, médiatrice culturelle au Jardin de Gabriel. Depuis 2015, la Région Nouvelle-Aquitaine, propriétaire des lieux, met actuellement sur pied un protocole pour restaurer, la peinture et les pigments utilisés par l’ancien menuisier s’effaçant avec le temps : Nadine Théau l’assure, « la restauration de ces statues demeure dans les tablettes. » Ce jardin est si singulier que depuis 2011, le site est inscrit aux Monuments historiques. Le jardin de Gabriel Albert rejoint d’autres sites emblématiques d’art naïf possédant cette distinction, comme le célèbre Palais idéal du Facteur Cheval, à Hauterives, dans la Drôme.