Le milieu judiciaire stéphanois lui a déjà dit au revoir deux fois. En 2017, lorsqu’il a présidé sa dernière audience du tribunal correctionnel. Et cet été, quand il a atteint l’extrême limite des « prolongations » que lui autorisait la loi en tant que magistrat honoraire. Cinquante ans de carrière valaient bien une messe, musicale et insolite, que Roland Cuer a offerte au clavier d’un piano dans la salle des pas perdus du tribunal.

« Vous allez manquer au tribunal »

Avant les notes de Mozart, Beethoven ou Chopin, un concert… de louanges. « Excellent président de correctionnelle » pour le président François Xavier Manteaux, « vous allez beaucoup manquer au tribunal de Saint-Etienne » selon la procureure Anne Gaches, « un très grand juge qui a toujours su écouter » aux yeux du bâtonnier François Paquet-Cauet.

Roland Cuer, ému, a posé quelques mots sur ses adieux. « Je ne me suis pas ennuyé une seule fois à l’audience. L’art est ce qui nous préserve de la grande misère de notre époque. Si on peut imprégner les murs de ce tribunal d’autre chose que de la douleur… ».

Chose faite pour ce troisième départ. Le vrai. Tout en retenue. « Il est incroyablement difficile de dire si quelqu’un est coupable ou innocent » expliquait-il en 2017. Il est visiblement tout aussi douloureux de mettre un terme à une carrière largement plus dièse que bémol.