Par
Brian Le Goff
Publié le
18 oct. 2025 à 9h49
Festival Solidays, les Francofolies, Mythos, Les Trans Musicales, Live Nation ; la Fondation Louis Vuitton, l’Accor Arena, la CGT ou encore Cozigou… En France, il n’y a quasiment pas un événement qui se fait sans Esprit Planète. L’entreprise, basée à Rennes, qui fête ses 15 ans d’existence cette année, est à l’origine spécialisée dans le gobelet réutilisable. Aujourd’hui, la PME a plein de projets pour l’avenir et se qualifie désormais comme agence de communication par l’objet.
« Pour qu’un objet soit écologique, il faut qu’il soit réutilisé »
« On était deux quand j’ai racheté la boîte en 2017 », relate Clément Carbonnel, le patron d’Esprit Planète, qui compte huit ans plus tard une trentaine de collaborateurs. Auparavant, c’est Bruno Rughoobur, ex-patron du bistro Le Sablier, rue Guéhenno, qui était aux manettes.
J’étais l’assureur de Bruno. Un jour, il est venu me voir et m’a dit : tu ne veux pas racheter une boîte de gobelets. On a vraiment travaillé autour de la filière avant de se décider.
Clément Charbonnel
De simple maillon au départ, Esprit Planète a aujourd’hui repris toute la chaîne de valeur avec la réinternalisation de deux activités directement liées à la gestion de la mise à disposition de gobelets : l’impression sur gobelets et le lavage de ces derniers une fois utilisés.
Depuis peu, Esprit Planète dispose d’une nouvelle machine pour imprimer sur les gobelets avec une lumière bleue. (© Brian Le Goff / actu Rennes)
« Le principe pour qu’un objet soit écologique, c’est qu’il soit réutilisé de nombreuses fois », répète sans cesse Clément Charbonnel. Esprit Planète a donc investi dans une grosse machine à laver les gobelets. Coût de l’opération : 250 000 euros. Mais elle a déjà permis de laver 4 millions de « cups » en 2025.
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« On les amène à s’interroger sur le message qu’ils ont envie de faire passer »
Valeur ajoutée, qualité, bilan carbone… Par cette stratégie, la PME fait des économies en tout point.
On a aussi beaucoup développé la location des gobelets. Avant, nos clients achetaient des gobelets sans se poser la question du lavage et de la réutilisation. Certains nous disent toujours : ‘Il nous en faut 30 000.’ Mais, derrière, il faut les laver. Et parfois, ils en ont simplement besoin une fois dans l’année.
Clémence Charbonnel
Patron d’Esprit Planète
« Alors, on leur demande s’ils ont pensé à la location », poursuit le patron. Bien sûr, certains veulent mettre leur logo sur les gobelets. Mais on les amène aussi à s’interroger sur le message qu’ils ont envie de faire passer. »
Clément Charbonnel est le patron d’Esprit Planète depuis 2017. (© Brian Le Goff / actu Rennes)
Dans un bâtiment de près de 1 500 mètres carrés, Esprit Planète stocke donc le million d’unités qu’elle peut mettre à disposition de ses partenaires. « En fait, on ne se rend pas compte des volumes. Le festival Solidays, c’est par exemple quatre semi-remorques de contenants réutilisables et sept personnes mobilisées. »
Un chiffre d’affaires record en 2024
Avec les JO, l’entreprise a connu une année exceptionnelle en 2024 avec un chiffre d’affaires record de 3 millions d’euros, contre seulement 450 000 euros en 2017. Elle table sur un CA de 2,7 millions d’euros cette année.
En Bretagne, on a 4 000 clients : des collectivités, des associations, comme des gros événements. On a d’ailleurs tous les gros de l’ouest de la France : Papillons de nuit, Trans Musicales, Mythos. Dans la région parisienne, on a travaillé également avec Lollapalooza, Rock en Seine. Plus loin, on est aussi allé au Cabaret Vert à Charleville-Mézières.
Clément Charbonnel
Patron d’Esprit Planète
Et, à présent, l’entreprise ne propose plus seulement que des gobelets. Elle dispose également d’une gamme, de bols, assiettes, etc. pour répondre à la demande de ses clients.
Dans le futur, le patron imagine la possibilité d’aller chercher des marchés à l’étranger, dans des pays francophones comme la Belgique et le Luxembourg, mais préférerait « être maître sur son terrain avant ».
Au milieu de l’entrepôt d’esprit Planète, l’ensemble de la chaîne de lavage des gobelets réutilisables s’organise autour de la nouvelle machine à laver qui a coûté 250 000 euros à l’entreprise. (©Brian Le Goff / actu Rennes)« N’importe quel métier peut avoir besoin d’un vêtement à son image »
En attendant, Esprit Planète a décidé d’aller sur le champ des objets personnalisés.
En effet, si aujourd’hui l’événementiel représente encore 70 % du chiffre d’affaires, le vêtement notamment prend de plus en plus de place. « On s’est mis à proposer des vêtements personnalisés pour toute organisation. N’importe quel métier peut avoir besoin d’un vêtement à son image, que ce soit dans le bâtiment, les entreprises de services, les syndicats. Ces derniers essayent aussi d’acheter des vêtements fabriqués en France. La filière mode n’est pas bonne en ce moment, sauf pour le vêtement promotionnel », constate Clément Charbonnel, qui compte bien s’imposer sur ce créneau. « Déjà, rien qu’en Ille-et-Vilaine, ça représente un marché de 50 millions d’euros. »
En termes de communication, le vêtement a une force de frappe incroyable.
Clément Charbonnel
Patron d’Esprit Planète
Mais une nouvelle fois, Esprit Planète tient un de ses principes fondamentaux. Comment faire pour les réutiliser, notamment quand il s’agit des goodies pour les festivals ?
« C’est tout le sujet du conseil que nous apportons à nos clients dans le but d’économiser des déchets et de ne pas produire trop. On leur demande : est-ce que vous êtes sûr que c’est utile ou que vous allez réussir à vendre la quantité voulue ? C’est pour cela que nous nous qualifions d’agence de communication par l’objet. On essaye toujours de réfléchir à l’usage qu’ils vont en avoir. Un festival hip-hop voulait des tee-shirts. Après réflexion, ils sont partis sur des chaussettes et ça a cartonné. On a aussi toute une équipe destinée à travailler l’esthétisme de l’objet afin qu’ils puissent être revendus l’année prochaine pour ce qui est des festivals. »
« On est passé de cols blancs à cols-bleus »
Dans cette perspective, un nouvel investissement d’environ 200 000 euros a été nécessaire pour acheter des machines capables de personnaliser des objets, en grande comme en petite quantité. « On est passé de cols blancs à cols-bleus. C’est un autre délire. On a une équipe de trois graphistes », résume Clément Charbonnel.
Esprit Planète propose ainsi plusieurs modes d’impression : broderie, sérigraphie, transfert… « À partir de cinq unités, on peut personnaliser les vêtements. Imprimer sur des gobelets ou sur des textiles, ça ne change pas énormément. »
Dans l’idéal, comme pour les gobelets, Clément Chardonnel se laisse la possibilité d’étendre la main mise sur le vêtement personnalisé en travaillant sur toute la filière : « Je sais qu’il y a un truc à faire et il faut aller avec beaucoup d’humilité. »
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