La chanteuse britannique revient avec « All Natural », un single d’electro-pop où elle imprime sans complexe son style et son caractère.

En l’apercevant la veille dans son pantalon de cuir et sa veste léopard, il aurait été difficile de l’imaginer débarquer en marinière trop grande, coiffée d’un bandana vert. « J’ai l’air d’un petit garçon », s’excuse-t-elle en souriant. Rita Ora, 34 ans, a le teint d’une poupée en porcelaine. La chanteuse vient de dévoiler « All Natural », un titre qui ne ressemble en rien à ce qu’elle a fait dans le passé. « J’avais l’impression d’être un hamster dans sa roue : je tournais sans cesse en rond. Je suffoquais. Il fallait que je sorte de ma zone de confort. » Sa rencontre avec Joel Little, un producteur néo-zélandais, la convainc de se mettre à nu. « Il voulait que je chante différemment, sans artifices, comme si j’étais dans ma chambre. Je ne suis plus une gamine. Je n’allais pas refaire les mêmes chansons qu’à mes 20 ans. » Le duo cherche la sincérité, là où la pop accumule des couches de vernis.

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Dans le clip, réalisé par son époux, Taika Waititi, elle apparaît seule, sculpturale en débardeur et petite culotte. « J’ai fait beaucoup de sport, confie-t-elle d’emblée. Taika m’a aidée à retrouver ma sensualité. Il me rend belle. » Chez elle, le naturel n’a rien d’un slogan. Ce n’est ni une peau nue ni un maquillage qu’on retire. « C’est un état d’esprit. Je me suis reconnectée à ma féminité, à mon parcours et à mes origines. » Car Rita Ora en a fait, du chemin. Née au Kosovo et élevée à Londres, elle grandit dans le tumulte des cultures. « Mes parents ne parlaient pas anglais mais je ne me suis jamais sentie exclue. Londres m’a accueillie. »

« Je ne suis pas vieille, je suis expérimentée »

Dès ses 6 ans, elle sait qu’elle deviendra chanteuse en interprétant « Joyeux anniversaire » lors d’un goûter d’enfants. « C’est là que j’ai compris le pouvoir de la musique. » Sans revenus, elle se débrouille pour enregistrer gratuitement des démos dans un studio en servant du thé. Le destin place l’une d’elles entre les mains de Jay-Z, le boss de l’industrie musicale aux États-Unis, qui partage la vie de Beyoncé. « Ils m’ont fait venir à New York pour signer un contrat. » L’ascension est fulgurante : elle cumule les prix et des milliards d’écoutes sur les plateformes de streaming.

Mais en 2016, Rita Ora est au coeur d’une rumeur selon laquelle elle serait la maîtresse de Jay-Z – rumeur qu’elle dément en publiant un selfie avec Queen B lors du gala du Met. « Quelqu’un m’a dit un jour : ‘Le journal d’aujourd’hui servira d’emballage aux fish and chips de demain.’ Les rumeurs vont tellement vite. » Neuf ans plus tard, Rita Ora est toujours là, plus affirmée que jamais. « Je ne suis pas vieille, je suis expérimentée », précise-t-elle quand on évoque la peur de vieillir dans une industrie impitoyable avec les femmes. Elle cite Tina Turner, sa jumelle d’anniversaire, comme héroïne de toujours : « Elle a trouvé sa liberté dans la quarantaine. Elle m’a appris que le temps peut être une renaissance. »

Au fil des années, elle regarde ses fans grandir. Certains l’accompagnent depuis plus de dix ans – « Ils sont même devenus parents ! » -, d’autres la découvrent grâce à son rôle de méchante dans le film Disney « Descendants : l’ascension de Red », sorti en 2024. « J’ai dorénavant des fans de 6 ans ! Certains pleurent en me voyant, ils pensent que je suis vraiment méchante… » Elle rêve de passer plus souvent devant la caméra, alors qu’elle vient à peine de finir deux films (« He Bled Neon » et « Voltron », prévus pour 2026). Et derrière ? « Absolument pas ! C’est beaucoup trop stressant. Il faudrait me reposer la question l’année prochaine… J’aurai peut-être changé d’avis. » Avant de partir, elle glisse une phrase, presque pour elle-même : « Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de crier pour qu’on m’entende. » Et c’est peut-être ça, « All Natural » le son d’une femme qui a enfin trouvé sa voix.

Rita Ora, «All Natural» (BMG Rights Management)

Rita Ora, «All Natural» (BMG Rights Management)

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