Plus de 2700 rassemblements sont prévus dans les grandes villes américaines, comme dans des bourgades d’États républicains, ainsi qu’à proximité de la résidence du président en Floride, où Donald Trump passe le week-end.
Depuis plusieurs mois, aux Etats-Unis, les fervents opposants à la politique jugée «autoritaire» de Donald Trump cherchent à se faire entendre. Une forme de résistance se forme à travers des manifestations organisées dans tout le pays, et qui se démarquent par le nombre de participants. Plus de cinq millions de personnes se sont déjà rassemblées en juin dernier, lors de plus de 2100 mobilisations, selon les organisateurs. Ce mouvement qui prend de l’ampleur a un nom : «No Kings», «Pas de Rois» en français. «Le président pense que son pouvoir est absolu. Mais en Amérique, nous n’avons pas de rois et nous ne céderons pas face au chaos, à la corruption et à la cruauté», affiche comme mot d’ordre les instigateurs sur leur site internet.
De premières manifestations s’étaient tenues au printemps dernier, dont le rassemblement le plus remarqué est celui du 14 juin. À cette même date, délibérément choisie par les 300 associations organisatrices, se tenait à Washington le défilé militaire imaginé par Donald Trump à l’occasion du 250e anniversaire de l’armée américaine, et du 79e anniversaire du chef d’État. Parmi les organisateurs de ces événements, se trouve Indivisible, une organisation progressiste née en 2016 en réaction à la première victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle.
Plusieurs millions de manifestants attendus
Les militants espèrent, une nouvelle fois, frapper fort ce samedi 18 octobre avec leur appel à défiler dans plusieurs grandes villes américaines, de New York à San Francisco. En passant par Washington et Chicago, où Donald Trump avait envoyé la Garde nationale, ou encore dans les villes où il envisage de le faire comme Boston ou La Nouvelle-Orléans.
Parmi les plus de 2700 rassemblements prévus ce samedi dans 50 États, certains devraient même se dérouler dans des bourgades d’États républicains ainsi qu’à proximité de la résidence Mar-a-Lago du président en Floride, où il passe le week-end.
Les organisateurs s’attendent à plusieurs millions de participants. «On s’attend au double (des chiffres du 14 juin), au minimum», a déclaré Liam Kent, président de Blue Anchor Project, l’une des dizaines d’associations qui pilotent cette nouvelle édition, cité par Le Parisien . «Nous avons deux fois plus de rassemblements prévus, deux fois plus de personnes inscrites», a-t-il ajouté.
Depuis le printemps dernier, Donald Trump use d’une rhétorique de plus en plus belliqueuse. Il a déployé des militaires dans plusieurs fiefs démocrates pour lutter contre l’immigration illégale et la criminalité et a récemment exhorté les généraux américains à se mobiliser contre l’«ennemi de l’intérieur». Le président s’en est également pris à la liberté de la presse en imposant à de nombreux médias américains et internationaux de signer un document du ministère de la Défense exigeant des journalistes de ne pas publier certaines informations sans autorisation explicite. Une grande majorité de médias, de gauche et de droite, ont refusé de le signer.
Soutiens du mouvement
Ces récentes décisions ont de quoi motiver une partie de la population américaine. Face aux «abus de pouvoir de Donald Trump et de ses alliés», «nous ne nous laisserons pas réduire au silence», a assuré une dirigeante de l’importante organisation de défense des droits civiques et des libertés publiques ACLU, Deirdre Schifeling, co-organisatrice de cette mobilisation.
Ces manifestations sont soutenues par un grand nombre d’élus démocrates. Le sénateur Bernie Sanders, un indépendant progressiste, et la députée Alexandria Ocasio-Cortez, démocrate, ont soutenu les marches, tout comme Hillary Clinton. L’élu du Maryland, Glenn Ivey, qui a prévu de défiler samedi, a estimé auprès de l’AFP vendredi que «ce mouvement va jouer un rôle déterminant pour l’avenir de l’Amérique donc je comprends que les républicains soient nerveux».
Des célébrités, engagées dans la cause démocrate, ont par ailleurs appelé à rejoindre le mouvement. Dans une vidéo, la star d’Hollywood Robert De Niro a incité ses concitoyens à se soulever «de manière non violente» contre le «roi Donald Trump». Lors des précédentes mobilisations, l’acteur Mark Ruffalo et l’humoriste Jimmy Kimmel – dont le talk-show a ensuite été temporairement suspendu sous la pression du gouvernement Trump – se trouvaient parmi la foule.
«Haine contre l’Amérique»
Depuis le début, le mouvement «No Kings» est diabolisé par la droite qui fustige un mouvement «de haine contre l’Amérique». À l’aube de nouvelles manifestations ce week-end, des gouverneurs républicains de plusieurs États américains ont placé des troupes de la Garde nationale en alerte en prévision, à l’instar de celui du Texas et de Virginie. «Nous devrons faire appel à la Garde nationale», a déclaré de son côté le sénateur du Kansas Roger Marshall, selon CNN. Et de poursuivre : «J’espère que ce sera pacifique. J’en doute.»
Certains élus républicains vont même jusqu’à apparenter ces rassemblements à du terrorisme. Le président de la Chambre des représentants Mike Johnson a lancé : «Je parie que vous verrez des partisans du Hamas et des antifas», en référence à cette mouvance politique récemment classée comme «organisation terroriste» par Donald Trump. Tom Emmer, un élu républicain du Minnesota, a quant à lui accusé les démocrates d’avoir cédé à «l’aile terroriste de leur parti».
Face à ces mobilisations, le président américain avait dans un premier temps menacé de répondre, en juin, avec une «très grande force». Il a finalement, et sobrement, déclaré cette semaine sur Fox News : «Ils me qualifient de roi. Je ne suis pas un roi.»