La décision a suscité ces dernières semaines de nombreuses critiques dans l’opposition à Valérie Pécresse (LR). Le conseil régional d’Île-de-France qu’elle préside a décidé de mettre fin à son soutien financier aux fonds de compensation du handicap des huit Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) franciliennes.
Ce dispositif, qu’elle abondait à hauteur de 2 millions d’euros — dont 412 202 euros en 2024 rien que pour la Seine-Saint-Denis, principal bénéficiaire —, permettait aux personnes souffrant d’un handicap de bénéficier d’une aide pour payer le reste à charge qu’elles doivent verser pour l’achat d’un fauteuil roulant, d’une prothèse auditive ou l’adaptation d’un véhicule…
Jeudi 16 octobre, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis a voté un vœu demandant à la Région de revenir sur cette décision. « Avec mon vice-président et plusieurs associations, nous avions déjà envoyé le 2 octobre un courrier à Valérie Pécresse pour lui faire part de notre inquiétude mais nous n’avons pas eu de retour pour l’instant », indique au Parisien Stéphane Troussel (PS), le président du Département.
Une montée en charge des bénéficiaires
« Je tiens à rappeler, poursuit-il, que cette subvention régionale ne couvrait en aucun point le budget de fonctionnement de notre MDPH que nous finançons largement (NDLR : puisque ce sont ces collectivités qui en ont la responsabilité). La Région rétorque que sa participation n’est pas obligatoire, certes, mais il y a bien d’autres sujets qu’elle finance sans obligation légale, comme certaines subventions versées au lycée privé Stanislas à Paris ou l’installation de caméras de surveillance pour les communes. Elle n’a pas décidé de les retirer au nom d’économies budgétaires. C’est donc bien un renoncement politique sur le handicap. »
Pour l’élu socialiste, ce choix intervient au pire moment : « Pour le financement de l’année 2025, on a encore des reliquats mais nous avons justement développé depuis un an et demi des actions d’aller-vers pour faire connaître davantage ce fonds. Nous allons donc avoir une montée en charge des demandes mais les financements, eux, vont baisser. »
Si le conseil régional affirme avoir décidé cette suppression en toute transparence dès la fin 2024, le groupe d’opposition de la Gauche communiste, écologiste et citoyenne soutient le contraire. « On avait des doutes quand on a préparé le budget 2025, relate Céline Malaisé (PCF). Nous avions interpellé l’exécutif mais on nous avait répondu qu’on répandait de fausses informations. Il a donc fallu attendre d’avoir des réactions de la part des Départements. » Depuis, son groupe a lancé une pétition pour réclamer le rétablissement de ces financements qui bénéficient environ à 2 000 Franciliens par an.
« Une polémique purement politique »
La suppression de cette aide inquiète également les associations. Patrice Giordano, le responsable de l’engagement associatif et politique à l’antenne régionale d’APF France Handicap, qui regroupe plus de 1 500 adhérents franciliens, déplore ainsi une mesure prise « sans concertation ».
« Valérie Pécresse a déclaré que c’était une polémique purement politique mais nous avons fait part à la Région de nos inquiétudes dès le 20 juin, bien avant que les politiques se saisissent du dossier, retrace-t-il. On sait que la situation financière est compliquée pour les collectivités mais le handicap est toujours la variable d’ajustement ! Il aurait fallu d’abord se pencher davantage sur l’utilisation des fonds et voir, ensuite, s’il fallait revoir les montants. »
Pierre Deniziot (LR), conseiller régional et délégué spécial au handicap, affirme justement que les financements n’étaient pas toujours bien utilisés. « Fin 2024, l’État a souhaité réduire drastiquement les dotations des collectivités, rappelle-t-il. Nous avons passé en revue l’ensemble de nos politiques. Le handicap n’a pas été ciblé en tant que tel. Au contraire, nous avons augmenté notre budget. Mais cette subvention aux MDPH causait parfois un désengagement de certains départements qui n’abondaient plus leur fonds et consacraient leur argent à d’autres politiques. Des MDPH mettaient aussi l’argent de côté. »
Face aux critiques, l’élu vante les actions de la Région en matière de handicap dans des domaines dont elle assure la gestion : « Nous avons multiplié par deux le nombre d’inscrits depuis qu’on a régionalisé le PAM (NDLR : un service de transport à la demande pour les personnes à mobilité réduite) et divisé par quatre les tarifs. »