Les regards sont tournés vers Budapest, la capitale de la Hongrie. Après la discussion entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky sur la vente de missiles Tomahawk, vendredi 17 octobre, à la Maison-Blanche, une autre rencontre est en préparation. Le président des États-Unis et le chef du Kremlin ont convenu d’une rencontre à Budapest « dans les deux prochaines semaines ». Une annonce faite après un entretien téléphonique que les deux dirigeants ont eu jeudi 16 octobre.

Une rencontre que le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, leur plus proche allié au sein de l’Union européenne, s’est félicité d’accueillir sur X. Deux mois après un autre sommet, à Anchorage, en Alaska, lors duquel Donald Trump et Vladimir Poutine ont discuté des moyens pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Mais celui-ci ne s’est pas déroulé comme le président américain l’imaginait.

Menace de quitter le sommet

Selon des sources informées des discussions qui s’y sont tenues, le Financial Times rapporte que Donald Trump a failli quitter le sommet. Vladimir Poutine a été accueilli en Alaska par « une poignée de main et un large sourire à la Trump », mais l’atmosphère s’est rapidement refroidie une fois les portes closes. D’après plusieurs sources citées par le quotidien britannique, le président russe, entouré de quelques conseillers seulement, a rejeté l’offre américaine d’un allègement des sanctions en échange d’un cessez-le-feu, exigeant à la place la capitulation de l’Ukraine et la cession de nouveaux territoires dans le Donbass.

Toujours selon le Financial Times, Poutine s’est ensuite lancé dans une tirade historique « décousue » évoquant Riourik de Novgorod, Iaroslav le Sage et le chef cosaque Bogdan Khmelnitski, des figures qu’il convoque régulièrement pour justifier son idée d’une nation russo-ukrainienne unifiée. Pris de court, Donald Trump aurait haussé la voix à plusieurs reprises et menacé de quitter la réunion. Le président américain aurait finalement abrégé l’entretien et annulé un déjeuner prévu pour approfondir les discussions économiques et diplomatiques.

Ce sommet a déclenché un revirement entre les États-Unis et la Russie au profit de l’Ukraine. « Trump pensait vraiment pouvoir conclure un accord de paix avec Poutine… L’offre qui était sur la table pour Poutine [en Alaska] était très bonne », a déclaré au Financial Times Arseni Iatseniouk, ancien Premier ministre ukrainien, après des discussions avec de hauts responsables américains. « Mais Poutine a vu trop grand » poursuit-il.

Faire pression avec les alliés européens

Renversement diplomatique, le sommet en Alaska a finalement contribué à apaiser les craintes de l’Europe, qui redoutait que Donald Trump accepte de laisser l’Ukraine à la Russie. Son administration a ainsi autorisé les alliés européens à acheter des armes provenant des stocks américains et a approuvé les garanties de sécurité pour l’Ukraine en août dernier.

Cependant, Washington fait pression sur les capitales européennes pour qu’elles « saisissent ou utilisent d’une autre manière » les avoirs souverains russes gelés. L’Union européenne (UE) propose d’utiliser cet argent pour financer l’armement ukrainien. De plus, l’administration américaine exige de l’UE qu’elle impose des droits de douane punitifs à la Chine sur ses importations de pétrole russe.

De leur côté, les États-Unis n’ont pas encore mis à exécution leurs menaces de sanctions contre la Russie concernant les exportations énergétiques russes. Selon des responsables américains et européens, Donald Trump estime que cette décision ruinerait le rôle de médiateur qu’il entend incarner auprès du chef du Kremlin. Pourtant, l’objectif reste clair : contraindre Vladimir Poutine à revenir à la table des négociations sur l’Ukraine.

Rencontre Trump-Zelensky

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est arrivé ce vendredi à la Maison-Blanche avec l’espoir d’obtenir des missiles Tomahawk. « C’est une bonne chose que le président Trump n’ait pas dit non, mais pour l’instant, il n’a pas dit oui », a déclaré sur la chaîne américaine NBC le président ukrainien après sa rencontre.

« La rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été très intéressante et cordiale, mais je lui ai dit, comme je l’ai par ailleurs fortement suggéré au président Poutine, qu’il était temps d’arrêter la tuerie et de trouver un ACCORD », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. Il a aussi déclaré qu’il restait « à déterminer » si Volodymyr Zelensky serait impliqué dans les pourparlers en Hongrie.

Alors que le président américain semblait prêt à accroître la pression sur la Russie ces dernières semaines, il montre ces derniers jours sa confiance au chef du Kremlin. Vendredi, il a également qualifié l’idée de la construction d’un tunnel ferroviaire « Poutine-Trump » sous le détroit de Béring afin de relier leurs pays d’« intéressante ». Vladimir Poutine n’a cessé, quant à lui, de couvrir Trump d’éloges lors de ses dernières apparitions publiques.

Le jeu d’influence et de flatterie de Poutine

Selon le Financial Times, Vladimir Poutine a profité d’une longue discussion sur la politique étrangère début octobre pour présenter ses condoléances après le meurtre du militant conservateur Charlie Kirk et affirmer que la guerre en Ukraine « n’aurait jamais eu lieu » si Donald Trump avait été président en 2022. La semaine suivante, il a estimé que Trump aurait dû recevoir le prix Nobel de la paix, un hommage qui a valu au dirigeant russe les remerciements publics du président américain, qui revendiquait ouvertement son désir de recevoir cette distinction.

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Toujours d’après le Financial Times, les flatteries ont continué lors de leur dernier appel téléphonique : Trump a déclaré que Poutine l’avait félicité pour « la grande réussite de la paix au Moyen-Orient », un accomplissement « rêvé depuis des siècles ». Mais selon un haut responsable européen cité par le journal, « avec Trump, c’est un bras de fer permanent : on l’aide à voir que Poutine pose problème, puis il revient à sa position » initiale.

Le quotidien britannique rapporte également que, malgré l’essoufflement de son économie de guerre, Poutine reste convaincu qu’il n’a rien à concéder tant qu’il conserve l’avantage militaire. « Ce n’est pas une question d’argent pour lui : c’est son héritage. Il veut être considéré comme le plus grand dirigeant russe depuis Pierre Ier le Grand », a expliqué un autre haut responsable européen. Les services secrets russes continuent, selon le Financial Times, de lui fournir des rapports exagérant les succès tactiques et les pertes ukrainiennes, confortant le Kremlin dans sa certitude de pouvoir encore l’emporter.

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