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Vingt pays européens, dont dix-neuf membres de l’UE, demandent à la Commission européenne de rouvrir le dossier des expulsions vers l’Afghanistan. Ils plaident pour la reprise des retours, y compris forcés, des Afghans en situation irrégulière, en priorité ceux jugés dangereux.

Publié le 18 octobre 2025 à 18h25

Dix-neuf pays de l'UE et la Norvège exigent le retour des Afghans volontairement ou de force. © Alicia Windzio/DPA/SIPA

Dix-neuf pays de l’UE et la Norvège exigent le retour des Afghans volontairement ou de force. © Alicia Windzio/DPA/SIPA

Vingt États européens — dix-neuf membres de l’Union et la Norvège — exhortent la Commission européenne à remettre en tête de son agenda le retour des ressortissants afghans en situation irrégulière, y compris par la contrainte pour les personnes jugées dangereuses ou condamnées, rapporte Euronews le 18 octobre 2025. Dans une lettre adressée au commissaire européen chargé des Affaires intérieures et de la Migration, Magnus Brunner, ils demandent aussi d’ouvrir des discussions avec les talibans afin d’aboutir à une politique de retours.

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Portée par la ministre belge de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt, l’initiative est soutenue par l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovaquie, la Suède et la Norvège. Pour ces gouvernements, l’impossibilité, depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021, d’exécuter des éloignements faute d’accord de réadmission « sape la confiance du public dans la politique d’asile » et pose un enjeu de sécurité, y compris pour des personnes condamnées.

« L’organisation des retours volontaires et forcés vers l’Afghanistan est un défi européen commun qui exige une réponse cohérente et collective », indique la lettre. « Nous avons une fenêtre d’opportunité pour agir », a de son côté déclaré Anneleen Van Bossuyt, dans un communiqué partagé avec Euractiv. « Il est temps d’apporter une réponse ferme et coordonnée, afin que l’Union européenne puisse reprendre le contrôle de la migration et de notre sécurité. »

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Les signataires proposent de confier à Frontex un rôle accru dans l’organisation et le financement des retours volontaires via le programme européen de réintégration. S’agissant des retours forcés, ils souhaitent prioriser les profils « dangereux ou criminels » et évoquent une mission conjointe en Afghanistan associant la Commission, le SEAE et les États membres volontaires.

La démarche intervient alors que Berlin, sous le gouvernement conservateur de Friedrich Merz, a déjà affrété en juillet un vol d’éloignement avec 81 Afghans, une première saluée par certains partenaires comme un signal à suivre. L’Allemagne serait, selon des sources européennes, proche d’un arrangement technique avec Kaboul pour encadrer ces retours, les Afghans constituant l’un des premiers contingents de demandeurs d’asile outre-Rhin.

Mais l’option des renvois vers l’Afghanistan reste âprement contestée au niveau international. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés maintient un « avis de non-retour » en raison de risques généralisés de violations graves des droits humains, a rappelé sa porte-parole Ravina Shamdasani. Un responsable du Bureau des droits de l’homme de l’ONU, Arafat Jamal, a de son côté souligné la persistance de « violations continues » depuis 2021. Diplomatiquement, seuls quelques États, dont la Russie, reconnaissent officiellement le régime taliban, compliquant toute négociation formelle de réadmission.