Cinq romans, trois biographies, quatre essais, un ouvrage de philosophie… Voici les brèves critiques de treize ouvrages notables en cette quarante-deuxième semaine de l’année.

Roman. « Il pleut sur la parade », de Lucie-Anne Belgy

« Je pensais comme une Française innocente », note la narratrice, Lucie, en une grinçante référence à la distinction faite par le premier ministre Raymond Barre, lors d’un attentat de 1980 qui, avait-il déclaré, « voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et a frappé des Français innocents ». L’innocence et une partie de sa légèreté, Lucie, venue de la Lorraine catholique, les a perdues au fil des actes antisémites des années 2010 et 2020, en voyant l’effet qu’ils produisaient sur son mari, Jonas, issu de parents juifs ashkénazes.

Ensemble, Lucie et Jonas ont eu un fils, Ariel. Quand elle était enceinte, elle croyait que ce bébé, pont entre deux cultures, « incarnerait l’harmonie et le calme » ; attachant, anxieux, le petit garçon s’est avéré brutal avec les autres enfants, objet d’inquiétudes et de disputes pour ses géniteurs. Il pleut sur la parade les saisit tous trois en une période où les troubles d’Ariel s’accentuent.

Chronique de mœurs piquante, drôle, chez un jeune couple de bobos dépassés par la non-conformité de leur propre rejeton vis-à-vis de leurs attentes, le premier roman de Lucie-Anne Belgy brasse avec finesse et vivacité une grande variété de thèmes – allant de l’héritage de la Shoah à l’éducation positive, en passant par l’altérité et les usages de l’identité. Si les dernières pages résolvent à une vitesse un peu cavalière, presque naïve, les problèmes de cette famille, le lecteur garde longtemps en tête le ton crâne et tendre d’Il pleut sur la parade. R. L.

« Il pleut sur la parade », de Lucie-Anne Belgy, Gallimard, 254 p., 20,50 €, numérique 15 €

Roman. « Les Remplaçants », de Bernardo Carvalho

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