Par

Pascal Pallas

Publié le

18 oct. 2025 à 18h43

C’est une pionnière : Marcelle Rumeau a été la première femme à devenir députée de la Haute-Garonne. C’était il y a 80 ans jour pour jour, le 21 octobre 1945. Elle a fait partie d’un faible contingent de 33 femmes élues au Palais Bourbon lors de ces élections législatives, un an après que le général de Gaulle ait accordé le droit de vote aux femmes et par conséquent la possibilité pour elles de se présenter – enfin ! – aux suffrages de leurs concitoyens. 

Femme de conviction et de combat, Marcelle Rumeau a effectué trois mandats parlementaires durant la IVe République sous la bannière du Parti communiste français et s’est notamment signalée par une gifle adressée en bonne et due forme à un certain Jean-Marie Le Pen, alors tout jeune député. On vous raconte sa vie. 

Institutrice puis directrice d’école

Né en 1912 à Toulouse d’un père comptable originaire de Ganac, un petit village au sud de Foix (Ariège), Marcelle Rumeau devient institutrice à Toulouse en 1933, précisément à l’école des 36 ponts. Elle est ensuite nommée à l’école Ricardie, quartier Saint-Agne, dont elle devient la directrice avant la Seconde Guerre mondiale. 

Intéressée très jeune par l’engagement politique, elle se rapproche du Parti communiste en 1938. Durant l’Occupation, elle entre en résistance et concourt à la fondation du comité toulousain des Femmes de France (qui deviendra l’Union des femmes de France). 

Élue députée à trois reprises

Cet engagement dans la résistance et son militantisme sans faille dans les rangs communistes lui valent de figurer en seconde position de la liste présentée par son parti lors des élections pour composer l’Assemblée constituante de 1945. Elle est élue à la proportionnelle en compagnie de la tête de liste Jacques Gresa

Vidéos : en ce moment sur Actu

Réélue lors des élections législatives de novembre 1946, elle fait partie des commissions des affaires économiques et de l’Éducation nationale où elle se signale par des propositions de lois. 

Elle est battue lors du scrutin de 1951, mais retrouve son mandat en 1956 et la commission de l’Éducation nationale. 

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire
Une gifle donnée à Jean-Marie Le Pen

Elle fut une active parlementaire particulièrement investie dans les débats autour de l’éducation et de l’amélioration de la condition scolaire, œuvrant notamment en faveur de l’accès aux colonies de vacances pour les enfants des familles les plus pauvres et d’un financement toujours plus entier des coûts de la scolarité.

La postérité a également retenu sa vive altercation avec un tout jeune député « poujadiste » : Jean-Marie Le Pen. Celui-ci l’ayant invectivé dans les travées du Palais Bourbon, elle lui administra une sévère une gifle.

Élue municipale de Toulouse

Marcelle Rumeau est battue aux législatives de 1958. Il faudra attendre 30 ans et l’élection d’Hélène Mignon (PS) aux législatives de 1988 pour voir de nouveau une femme parmi les parlementaires de la Haute-Garonne. 

Militante infatigable, Marcelle Rumeau poursuit la lutte aux côtés de ses camarades communistes, gondolant de son expérience le bureau fédéral haut-garonnais. Elle est élue conseillère municipale de Toulouse en 1965 et siège jusqu’en 1971. Elle échoue par deux fois à se faire élire au Sénat. 

Marcelle Rumeau est décédée à Toulouse en 1995. Elle ne s’était jamais mariée. En 2009, le maire PS de Toulouse Pierre Cohen fit baptiser un rond-point de son nom au cœur du quartier Empalot. 

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.