Une jeune Russe a été placée en détention jeudi 16 octobre pour avoir interprété en pleine rue à Saint-Pétersbourg des morceaux de musiciens opposés au Kremlin, rassemblant une foule de passants, des scènes dont les images ont fait le tour des réseaux sociaux.

De notre correspondante à Moscou,

Entre avril, où elle a commencé, et août, seuls quelques passants pouvaient entendre cette toute jeune fille de 18 ans fredonner ses titres préférés, très souvent ceux de chanteurs exilés et classés agents de l’étranger.

À partir du 11 août dernier, la blonde Naoko -son nom de scène- et son groupe Stoptime ont lancé une chaîne Telegram proposant au public de choisir les chansons jouées le soir même. C’était déjà trop.

Il a fallu à peine 18 jours pour qu’ait lieu une première arrestation, brève. Le groupe a continué à jouer, notamment Monetotchka et sa chanson pleine de nostalgie pour les moments de bonheur de la Russie d’avant-guerre. Depuis cet été, Instagram et TikTok étaient remplis de vidéos de dizaines de personnes dans les rues et sur les places de Saint-Pétersbourg, reprenant les chansons dans la nuit de la deuxième ville russe.

Mais ce qui a mis le feu aux poudres, semble-t-il, est cette reprise du groupe Noize MC, lui aussi classé « agent de l’étranger ». Sa chanson, La Coopérative du lac des cygnes, est, elle, qualifiée -fait encore plus grave en Russie- d’« extrémiste ». Son texte appelle en langage à peine codé au renversement du chef de l’État russe.

Placée en détention

Ce dernier épisode a déclenché la colère des nationalistes qui se sont déchaînés sur les réseaux sociaux. En quelques heures, la machine s’est emballée. Diana Loginova, son vrai nom, a été convoquée au tribunal, cheveux blonds, bouille encore de l’enfance et menottes aux poignets, puis placée ce jeudi en détention pour 13 jours pour « trouble à l’ordre public ». Elle venait de sortir un album.

Dans une de ses chansons, elle disait : « Il n’y a plus de lumière en moi, plus de son en moi. Je suis une traîtresse, je ne chanterai plus. »

Deux procédures ont également été ouvertes contre la jeune étudiante en musique, l’une pour « organisation d’événement de masse », l’autre pour « discrédit des forces armées russes ». Ce dernier motif concerne deux chansons anti-guerre chantées en public et peut lui valoir jusqu’à trois ans derrière les barreaux.