Aux grands maux, les grands remèdes. Les Pays-Bas ont décidé de placer Nexperia, un producteur de semi-conducteurs basé dans le pays mais propriété du groupe chinois Wingtech, sous contrôle direct de l’État. Le ministère de l’Économie a activé une loi spéciale, la « Goods Availability Act », normalement réservée aux cas d’urgence.
Les grandes manœuvres pour éviter les mauvaises surprises
Motif invoqué : de « graves lacunes de gouvernance » au sein de l’entreprise. En clair, La Haye estime que la société pourrait ne plus être en mesure de garantir la continuité de ses activités en Europe en cas de crise. « Ces signaux posaient une menace pour la sécurité économique néerlandaise et européenne », explique le gouvernement, qui assure cependant que la production de puces continue « normalement ».
Le ministre Vincent Karremans peut désormais bloquer toute décision de Nexperia jugée contraire aux intérêts du pays. L’idée est simple : garder la main sur une technologie stratégique sans stopper l’activité. La réaction chinoise ne s’est évidemment pas fait attendre. L’association chinoise de l’industrie des semi-conducteurs a exprimé sa « sérieuse préoccupation » et dénoncé une mesure « discriminatoire » contre les entreprises étrangères. De son côté, Wingtech a promis de « défendre ses droits » et de chercher un appui juridique.
On assiste actuellement à une bataille mondiale pour le contrôle des semi-conducteurs, devenus l’un des nerfs vitaux de l’économie moderne. Après la crise de l’approvisionnement de 2020, les gouvernements cherchent à rapatrier la production sur leur territoire. L’Union européenne s’est dotée du « Chips Act » pour renforcer sa souveraineté, pendant que les États-Unis investissent massivement dans leurs propres usines. ASML, le géant mondial des machines à graver les puces, est d’ailleurs basé aux Pays-Bas.
Ce n’est pas la première fois que Nexperia se retrouve dans la tourmente. Au Royaume-Uni, l’entreprise avait déjà été forcée de céder son usine de Newport en 2022, pour des raisons similaires. Aux États-Unis, la maison mère Wingtech figure depuis décembre dernier sur la fameuse « entity list » du département du Commerce, qui limite les exportations de technologies américaines vers les entreprises jugées à risque pour la sécurité nationale.
En cas de tensions avec la Chine, une société sous contrôle de Pékin pourrait être tentée de couper l’approvisionnement vers l’Europe. Pour éviter de se retrouver sans composants essentiels pour les voitures, les smartphones ou les usines, les gouvernements européens préfèrent désormais prendre les devants, quitte à froisser le géant chinois.
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