Métro

Crédit : Loyloy Thal – Pixabay

Un nouveau coup dur pour les usagers franciliens. C’est désormais un rendez-vous annuel que redoutent les voyageurs du métro, du RER ou du bus. Le prix du pass Navigo va encore augmenter. Selon le rapport d’orientations budgétaires 2026 qui sera voté ce vendredi par Île-de-France Mobilités (IDFM), le tarif mensuel du forfait atteindra 90,80 euros, contre 88,80 euros actuellement.

Cette hausse de 2,3 %, confirmée par Céline Malaisé, présidente du groupe communiste au Conseil régional d’Île-de-France, s’appliquera également à la version annuelle du pass, qui grimpera à 998,80 euros.

Les étudiants ne seront pas épargnés. Le forfait Imagine R, déjà augmenté de près de 10 euros en septembre dernier, passera à 401 euros pour l’année scolaire 2026-2027. À titre de comparaison, il coûtait 333,90 euros lors de l’arrivée de Valérie Pécresse à la tête de la région en 2015.

IDFM invoque l’accord avec l’État et les grands chantiers

Île-de-France Mobilités assume cette nouvelle hausse. Elle s’appuie sur l’accord signé il y a deux ans avec l’État, autorisant une évolution annuelle des tarifs équivalente à l’inflation + 1 %. Pour 2026, cela représente justement +2,3 %.

Dans un communiqué, IDFM justifie la mesure en soulignant l’ampleur des projets à venir : « Nous serons en mesure de doubler le réseau de métro en Île-de-France avec 200 km de nouvelles lignes en 2031 (…) et de poursuivre le renouvellement complet de tous les bus, cars, métros, trains et RER. »

Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilités, assure qu’il n’y aura « pas de hausse massive des tarifs liés à l’arrivée de toutes les nouvelles lignes du Grand Paris Express ». Elle rappelle également que les entreprises et les collectivités participent à l’effort de financement, aux côtés des usagers.

Usagers partagés entre résignation et incompréhension

Sur le terrain, la nouvelle passe mal.  La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) tente de tempérer. Son président, Marc Pelissier, juge cette hausse « raisonnable » tant qu’elle s’accompagne d’améliorations concrètes du réseau. « Il faut se faire à l’idée que ça augmentera chaque année, on le sait maintenant, parce que le coût de fonctionnement du réseau augmente chaque année », explique-t-il.

Mais il insiste sur une condition : « La contrepartie qui nous paraît importante à cette augmentation, c’est de maintenir, voire d’amplifier le dispositif de dédommagement des usagers pour les lignes qui fonctionnent mal. »

La Fnaut souligne toutefois un point sensible : les usagers du métro parisien vont subir une « double hausse ». Après la refonte tarifaire de janvier dernier, le ticket unitaire était déjà passé à 2,50 euros. « Ça va faire beaucoup pour certains, une hausse très forte pour les usagers du métro », déplore Marc Pelissier, appelant IDFM à simplifier la tarification sociale, jugée trop complexe.

Une opposition régionale vent debout

À gauche, l’opposition régionale dénonce une politique tarifaire injuste. Pour le groupe de la Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne, ces hausses successives « impactent lourdement le pouvoir d’achat » et traduisent « un manque de volontarisme dans la quête de nouvelles recettes ».

Céline Malaisé critique des choix budgétaires jugés « néfastes pour les finances publiques, dont la privatisation du réseau ». « Ces hausses permettront de faire face aux coûts considérables engagés dans la mise en concurrence du réseau de bus de grande couronne, très coûteuse, et la privatisation du réseau qui grève le budget 2026 d’Île-de-France. »

Elle dénonce des dépenses éloignées des priorités des Franciliens, qui subissent à la fois « la dégradation du réseau et les hausses tarifaires répétées ».

Un « bouclier tarifaire » censé limiter les hausses

IDFM rappelle enfin que l’accord signé en 2023 avec le gouvernement d’Élisabeth Borne sert de « bouclier tarifaire » pour éviter toute explosion des prix. Les collectivités locales (région, départements et Paris) s’engagent à augmenter leur contribution au rythme de l’inflation + 2 %, afin de compenser la disparition de certaines recettes, notamment la taxe sur les carburants (TICPE), qui rapportait 90 millions d’euros par an.

Dans un dernier communiqué, IDFM insiste  « Avec ce bouclier, nous protégeons les usagers de toute hausse tarifaire brutale. Nous serons en mesure de doubler le réseau de métro avec plus de 200 km de nouvelles lignes ferrées d’ici 2031 (…) et de poursuivre le renouvellement complet de tous les bus, cars, métros, trains et RER. »

Entre modernisation et saturation

Si les usagers reconnaissent l’importance de moderniser un réseau vieillissant, la lassitude s’installe. Chaque année, la facture grimpe, sans que la qualité de service semble progresser au même rythme. En toile de fond, la même question demeure : jusqu’où les Franciliens seront-ils prêts à payer pour leurs transports ?