Vous avez écrit et fait un clip qui s’appelle « Guingamp en 2003 ». Qu’est-ce que ça raconte ?

J’ai grandi à Saint-Laurent et aujourd’hui, j’ai 31 ans. « Guingamp en 2003 », c’est un souvenir précis de mon enfance. Je me souviens d’aller à Roudourou, aux entraînements avec mon père pour voir Drogba et Malouda, essayer de récupérer des autographes. Lors de leurs transferts à Marseille et Lyon, on était super fier de dire qu’ils venaient de Guingamp. Après, il y a eu la génération Beauvue mais ça a une saveur différente de quand on est enfant. Je parle aussi de ma grand-mère, ancienne maire de Runan (1986-2001) dans la chanson.

Justement, votre grand-mère, Pierrette Boucher, apparaît aussi dans le clip…

C’est vrai, il y a beaucoup de plans dans sa cuisine. Elle a 88 ans et elle s’est prêtée au jeu. Là encore, cette pièce, c’est très symbolique. J’ai souhaité garder une trace de tout ça. On a passé une journée hyper chouette avec mes potes que j’ai ramenés à Runan. On a tourné, discuté, mangé. Ce n’était pas prévu de faire autant d’images mais ça rendait tellement bien qu’on a insisté.

Comment un jeune garçon de la campagne guingampaise commence à faire du rap ?

Au collège, j’avais un surveillant qui avait un groupe. Je me suis rendu compte qu’il était possible d’être rappeur même en venant de Guingamp. La découverte d’Orelsan a aussi joué avec des textes où je me reconnaissais. Vivre en campagne, parler de ses histoires de familles, s’ennuyer car on n’a pas les mêmes activités qu’en ville, tout ça me parle. « Guingamp en 2003 », c’est tout ça.

Qu’est-ce que ça vous apporte de faire du rap ?

C’est une photo de ma vie à 30 ans : est-ce que je dois me poser, est-ce qu’il est temps d’avoir des enfants ? À mon âge, on voit des gens avec qui tu as grandi qui se sont mariés, ont construit des enfants. J’ai parfois l’impression d’être à la bourre mais finalement, chacun son rythme. J’ai besoin de faire de la musique, je suis assez solitaire. Ça me fait du bien je peux raconter des idées, des trucs que je pense.

Pourquoi avoir choisi le nom d’artiste Pedro Surplus ?

Pedro Surplus, c’est un nom de personnage dans le livre de Raymond Queneau « Zazie dans le métro ». Et dans le livre, Zazie vient à Paris et il lui arrive plein d’aventures rocambolesques. Puis, il y a ce personnage Pedro Surplus, qui change d’apparence tout le temps : un coup il est prisonnier, l’autre il fait la circulation dans la rue, il a plusieurs facettes et ça me parle. À travers le rap, j’ose dire des choses que je n’oserais probablement pas dire en société. Je trouve que faire du rap lisse comme on voit actuellement a peu d’intérêt.

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