Après l’Alaska, direction la Hongrie. Après deux heures d’entretien téléphonique, Donald Trump a annoncé jeudi qu’il rencontrerait Vladimir Poutine à Budapest, dans « environ deux semaines ». Les deux présidents ont notamment discuté des moyens de mettre fin à l’invasion de l’Ukraine depuis 2022. Le milliardaire républicain a assuré que « de grands progrès ont été faits » qualifiant l’appel de « productif » alors que le président ukrainien arrive ce vendredi à Washington afin d’obtenir une aide militaire accrue et la livraison de missiles Tomahawk.
« Nous en avons un peu parlé », a confirmé Donald Trump, décrivant sa discussion avec Vladimir Poutine et de préciser : « Nous avons également besoin de Tomahawks pour les États-Unis d’Amérique. » Sa dernière entrevue avec le président russe remonte au 15 août sur une base militaire en Alaska. Elle n’avait débouché sur aucune perspective concrète de règlement du conflit déclenché en février 2022 par l’invasion russe.
« Nous avons décidé qu’une réunion de nos conseillers de haut niveau aurait lieu la semaine prochaine. Les premières réunions seront dirigées par le secrétaire d’État Marco Rubio pour les États-Unis » dans un lieu encore à définir, a précisé Donald Trump sur Truth Social. Le conseiller du président russe Iouri Ouchakov, a confirmé que les envoyés des deux pays se rencontreraient « sans délai » afin de préparer le terrain pour le sommet.
Une rencontre encore incertaine
Budapest sera-t-il un autre Alaska ? Le sommet avait débouché sur un accord tacite entre les États-Unis et la Russie sur de nombreux dossiers : énergie, Ukraine… Le choix de la Hongrie est hautement symbolique. Le premier ministre Viktor Orban s’avère être un proche de Donald Trump et un allié de Vladimir Poutine. « C’est une vraie claque à l’égard des Européens. Si jamais une feuille de route ressort de cette rencontre, l’Ukraine et l’UE seront les grands absents. Le signal est inquiétant », analyse un diplomate.
Mais la rencontre est loin d’être acquise. Dans un premier temps, elle dépendra des réunions entre les hauts responsables des deux administrations pour dégager une feuille de route. Elle pose aussi la question de la venue de Vladimir Poutine qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) et donc son survol de l’espace aérien européen. La Hongrie qui a quitté la CPI, avait déjà accueilli en avril dernier le premier ministre israélien, lui aussi poursuivi par l’instance internationale.
La Commission européenne a accueilli favorablement vendredi la perspective d’une telle rencontre, à la condition a indiqué Olof Gill, le porte-parole de l’exécutif européen qu’elle fasse « avancer le processus de paix ». Bruxelles a également précisé que si les avoirs du président russe et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov étaient actuellement gelés, il ne « leur était pas spécifiquement interdit de voyager » dans l’UE.
A plusieurs reprises cette année, les revirements de la part du président des Etats-Unis sont devenus habituels. Avec sa frustration croissante face au refus du dirigeant russe de prendre des mesures concrètes, le dirigeant avait promis des sanctions, un soutien militaire accru avant de laisser en suspend ces annonces. « Le président Trump répète les erreurs du passé en ne fournissant pas à l’Ukraine un armement complet et en ne lui permettant pas de gagner cette guerre. Aujourd’hui, il va encore plus loin en récompensant Poutine alors que l’Ukraine n’obtient rien. » a réagi la sénatrice Jeanne Shaheen du New Hampshire, principale démocrate de la commission des relations étrangères du Sénat dans le New York Times.
Cet échange téléphonique rend-t-il caduc l’envoi de missiles américains Tomahawk? La rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, ce vendredi va être décisive. Selon le Financial Times, les deux dirigeants ont échangé récemment par téléphone, évoquant la possibilité que les alliés de l’Otan puissent acheter entre 20 et 50 missiles pour l’Ukraine. permettraient à l’Ukraine de frapper loin à l’intérieur du territoire russe, et Moscou a déjà averti qu’une livraison de ces armements à Kiev constituerait une « escalade » à ses yeux.
Des raffineries russes à l’arrêt
Les Tomahawk sont des missiles de croisière. Ils sont lancés depuis des navires ou des sous-marins avec une portée maximale de 2 500 kilomètres. Leur utilisation nécessite l’implication directe de l’Otan ou des États-Unis, qui disposent de la flotte nécessaire. Même constat sur les données de renseignement et de ciblage nécessaires à une telle opération. Balázs Jarábik, spécialiste des relations internationales et des pays de l’Est va plus loin: « L’Ukraine savait que les Tomahawks n’arriveraient pas, et l’UE est à court d’argent. Les avoirs russes gelés sont désormais la seule option pour maintenir l’Ukraine à flot. L’aide militaire américaine reste indispensable, rien ne pourra la remplacer dans les années à venir. »
Kiev a également évoqué les systèmes de défense antiaérienne Patriot. Si le président américain laisse jusqu’ici planer le doute sur ses intentions, depuis plusieurs semaines, Washington a accéléré l’aide du renseignement américain. Ces derniers participent dans les frappes ukrainiennes à l’aide de drones et de missiles contre des installations énergétiques russes. « À la fin du mois de septembre, les raffineries russes ont vu leur capacité de raffinage baisser de 38 % », a relevé le quotidien The Moscow Times.
Un renfort des défenses aériennes
Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Russie a tiré une série de 320 drones et 37 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne, qui a souligné que 283 drones et cinq missiles avaient été abattus. Pour faire face à ces frappes massives, Kiev veut renforcer l’efficacité de leurs défenses antiaériennes.
La rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky permettra peut-être d’en savoir plus sur l’état d’esprit actuel du changeant président américain. Il avait récemment estimé, à la surprise générale, que l’Ukraine pouvait remporter le conflit, en saluant la résistance opposée depuis l’invasion russe de février 2022.
Mais certains observateurs estiment que ces louanges pourraient signaler une volonté de désengagement du président américain, tenté de laisser le conflit suivre son cours. Le dirigeant républicain, qui se flatte d’avoir toujours eu une excellente relation avec le président russe, a quelque peu changé de ton récemment en se disant « très déçu » par son homologue. Il n’a toutefois pas exercé de pression significative sur la Russie depuis son retour au pouvoir. Vladimir Poutine « ne veut tout simplement pas mettre fin à cette guerre », avait lancé Donald Trump mardi.
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