Des millions d’Européens ont traversé les frontières grâce à elle. L’italienne Sofia Corradi, considérée comme « Madame Erasmus », le programme d’échange européen, est décédée vendredi soir à 91 ans à Rome, a rapporté l’agence de presse italienne Ansa. Sa famille a salué sa « grande énergie » et sa « générosité intellectuelle et émotionnelle ».
« Sofia Corradi vient de nous quitter. Elle avait rêvé d’une jeunesse européenne qui se rencontre et s’enrichit de ses différences. Des millions d’étudiants lui doivent un morceau de vie et un horizon. Hommage à « Mamma Erasmus » dont le rêve continue de bâtir notre Europe », a réagi le président Emmanuel Macron sur X, à l’annonce de son décès.
Sofia Corradi vient de nous quitter.
Elle avait rêvé d’une jeunesse européenne qui se rencontre et s’enrichit de ses différences. Des millions d’étudiants lui doivent un morceau de vie et un horizon.
Hommage à « Mamma Erasmus » dont le rêve continue de bâtir notre Europe.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 18, 2025
Pour Sofia Corradi, née en 1934 à Rome, tout a commencé par un désaveu. Après avoir étudié le droit durant sa jeunesse dans la prestigieuse faculté italienne de La Sapienza, elle s’est envolée aux États-Unis pour terminer son cursus à l’Université de Columbia. Sauf que, à l’époque, les échanges pendant les études ne sont pas reconnus.
Le programme d’échange Erasmus va naître de cette contrariété. Parce qu’« étudier à l’étranger a changé ma vie », avait affirmé la professeure de sciences de l’éducation au quotidien italien La Stampa. Sa carrière sera alors consacrée à faire reconnaître les années d’études à l’étranger, ce qui arrivera en 1987 au niveau européen, il y a désormais 38 ans.
« Une idée folle »
« Mon objectif était de créer un système qui permette, même à ceux qui n’ont pas de grands moyens financiers, d’accéder à une période d’études à l’étranger et de faire reconnaître leurs examens », disait encore dans le journal Libération Sofia Corradi, qui reste pourtant méconnue du grand public français.
« C’est un programme révolutionnaire qui, lorsque je l’ai expliqué, a suscité deux types de réactions : d’un côté, ceux qui m’ont dit que c’était une idée folle (…) et que nos jeunes n’avaient pas besoin d’aller à l’étranger pour draguer les filles. De l’autre, ceux qui (…) se sont enthousiasmés », expliquait-elle encore le quotidien italien Corriere della Sera.
Depuis la création d’Erasmus, plus de 16 millions d’Européens, dont deux millions de Français en ont bénéficié, d’après les chiffres de l’agence en 2025. Le programme concerne désormais les 27 États membres de l’Union européenne aux côtés de l’Islande, le Liechtenstein, la Macédoine du Nord, la Norvège, la Serbie et la Turquie.
Pour le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, Sofia Corradi « a inspiré la vie de millions de jeunes qui ont voyagé, étudié et embrassé différentes cultures ». « Des générations de jeunes Européens lui disent merci », a renchéri sur X le ministre délégué aux Affaires européennes, Benjamin Haddad.