Par

Ugo Maillard

Publié le

19 oct. 2025 à 10h06

La question des transports en commun s’annonce centrale pour la prochaine échéance électorale locale. À quelques mois des élections municipales 2026 à Nice (Alpes-Maritimes), Gaël Nofri, vice-président de la Métropole Nice Côte d’Azur et président de la régie de transports en commun Lignes d’Azur, a accordé un entretien exclusif à la rédaction d’actu Nice.

L’homme qui est également adjoint de Christian Estrosi à la mairie de Nice nous a reçus dans son bureau le jeudi 16 octobre 2025 pour évoquer les dossiers de sa mandature encore cours. Réalisations des lignes 4 et 5 du tramway, développement des bus à haut niveau de service… Entretien.

« Le calendrier du T4 sera tenu »

Actu : Le calendrier de la Ligne 4 sera-t-il désormais tenu ? Soit une livraison définitive en 2030 ?

Gaël Nofri : Oui. On suit le calendrier définit au lendemain de la tempête Alex, puis de la tempête Aline, la guerre en Ukraine et le Covid. Ces aléas nous ont obligés à avoir un plan pluriannuel d’investissements qui tiennent compte des réalités économiques.
2030, ce sera la livraison définitive à Cagnes-sur-Mer. 2028, ce sera la mise en service partielle à Saint-Laurent-du-Var avec d’ores et déjà des travaux en cours.

C’est donc un engagement ferme, sauf aléa majeur ?

G.N : Bien sûr. Nous nous sommes mis en condition et en capacité de tenir ce calendrier. Il sera tenu.

Voici le tracé de la ligne 4 du tramway de Nice.
Voici le tracé de la ligne 4 du tramway de Nice. (©Métropole de Nice)

La mise en service de la ligne 4 du tramway a été retardée de plusieurs années puisque initialement prévue pour 2028. Est-ce que cela a un coût ?

G.N : Non. Nous n’avons pas activé les choses. C’est le même projet que nous avons un peu décalé dans le temps afin de pouvoir le faire. C’est un sacrifice que les habitants de Nice, de Cagnes-sur-Mer, de Saint-Laurent-du-Var ont consenti pour les travaux dus au passage de la tempête Alex.

D’un point de vue très pratique, aucun changement de prévu sur le tracé ou les arrêts ?

G.N : Aucun. On est sur un peu plus de sept kilomètres avec 14 arrêts. Aucun changement non plus pour ce qui est de la T5.

Les détails du financement des plus de 320 millions ont-ils été envoyés à la justice, comme le tribunal adminastratif l’a exigé en mai 2025 ? Qui va payer ?

G.N : Oui, bien sûr, les documents ont été envoyés. Pour la ligne 1 ou la ligne 2, nous avions des financements de l’Union européenne, de l’État, de la Région, du Département.
Aujourd’hui les choses se tendent. Nous sommes sur un budget de 328 millions d’euros dont à peine 9% de subventions, soit 30 millions d’euros.
On va essayer d’aller en chercher d’autres. C’est la force de Christian Estrosi d’avoir toujours été en capacité d’aller chercher des financements là où on ne les avait pas.

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Les financements de la T5 à l’étude

Une enquête publique est en cours pour la Ligne 5, avez-vous déjà des retours ?

G.N : Ça suit son cours, tout se passe plutôt bien. On est dans le timing prévu, dans un monde où tout est trop administratif, tout est trop lent.
Je ne demande pas qu’on fasse comme en Chine où on construit des hôpitaux en trois mois, mais les procédures sont beaucoup trop longues et coûteuses.

Ce temps permet aussi aux personnes opposées au projet d’évoquer leurs doutes, colères, etc…

G.N : Je pensais qu’en démocratie, il y avait des élections pour ça. Encore une fois, je ne dis pas qu’il faut faire comme en Chine. Il n’est pas acceptable que 80% du temps, de l’énergie et du combat soient tournés vers les procédures quand les gens attendent du concret. Il y a une forme d’impuissance qui n’est pas seulement financière et technique, mais qui est administrative, juridique, bureaucratique et procédurière.

Ce que l’on sait de la T5

Le tracé longera la vallée du Paillon sur 7,5 kilomètres, entre Nice, du côté du palais des Expositions, et Drap. Les rames, qui passeront toutes les 8 minutes, feront le trajet en 25 minutes, avec 16 stations différentes.

Sur le financement de la ligne 5 du tramway, est-ce que les difficultés rencontrées pour la T4 seront les mêmes pour ce projet ?

G.N : Aujourd’hui, c’est un budget qui est estimé à 380 millions d’euros. Le tour de table n’est pas encore fait. L’État ne devrait pas être absent de ce que j’en sais et je ne doute pas que la Région sera faire ce qu’il faut pour notre territoire.
On ira chercher des fonds nationaux, des fonds européens. La recherche de subvention est devenue nécessaire.

Quelle sera la part de la Métropole dans les 380 millions d’euros ?

G.N : On sait que l’État va s’engager sur une dizaine de millions d’euros. La Métropole s’est mise en capacité, dans notre plan pluriannuel d’investissements, de financer la totalité du projet.
Maintenant, nous allons essayer d’aller chercher des financements connexes comme nous le faisons à chaque fois.

Pas de budget supplémentaire pour le fonctionnement des nouvelles lignes

Avez-vous une estimation du coût de fonctionnement des deux nouvelles lignes de tramways ?

G.N : Oui. On sait que le tramway est un coût non négligeable, mais qui apporte aussi des économies non négligeables. Les lignes de bus (9, 7 et 14) qui seront remplacées par les tramways, on arrive à dégager des économies en même temps qu’on augmente les recettes.
Les lignes 1, 2 et 3 représentent deux tiers de la fréquentation de tout le réseau de transports en commun de la Métropole.

Au point de faire des économies sur le budget de fonctionnement ?

G.N : Non, pas des économies, mais une stabilité. Le budget de fonctionnement ne devrait pas augmenter ou à la marge.

De nouvelles lignes de tramway ?

En cas de réélection à la Métropole de Nice Côte d’Azur, de nouvelles lignes de tramway seraient envisageables ?

G.N : Non, je pense qu’il faut être raisonnable et faire les choses pas à pas. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres projets. Nous avons un plan de mobilités qui prévoit d’amener la T3 jusqu’à Lingostière.

De nouvelles lignes BNHS en réflexion

Quel bilan tirez-vous de la première année de mise en service des deux bus à haut niveau de service (BHNS) ?

G.N : Il est plus que positif. Si je prends en compte les BHNS, lignes 8 et 12 et la ligne 57, nous avons une augmentation de fréquentation estimée entre +20 et +25%. On transporte les usagers dans de bonnes conditions.

Est-ce que le dispositif de bus à haut niveau de service pourrait être déployé sur d’autres lignes ?

G.N : Oui, il ne faut pas se l’interdire. On regarde déjà, soit avec le BNHS, soit avec des technologies similaires. Nous avons quelques zones à forts enjeux.

Lesquelles ?

G.N : On sait qu’il y a un enjeu de mobilité très fort sur la traversée du Var et sur la desserte de la zone industrielle de Carros. Je ne sais pas si le BNHS correspond, mais on réfléchit.
La question de la desserte de Vence se posera également.

Ce n’est pas un combat contre la voiture.

Gaël Nofri
Président de Lignes d’Azur et Vice-Président de la Métropole Nice Côte d’Azur

Le but est de limiter la place de la voiture en ville ?

En développant le réseau de transports en commun avec les projets que vous venez de détailler, est-ce que l’objectif des services de la Métropole est de limiter la place de la voiture dans Nice et son centre-ville ?

G.N : L’enjeu est de fournir des nouvelles mobilités et que les gens se les approprient. Ce n’est pas un combat contre la voiture. La baisse de l’usage de la voiture qui est souhaitable en centre-ville ne peut venir que par la mise en place de solutions de mobilités compétitives et non par un choix politique autoritaire.
Est-ce que c’est possible ? Oui, en regardant la promenade des Anglais depuis la mise en service de la ligne 2 du tramway, la circulation a diminué. Environ 20% de baisse. Pour réussir cela, il faut des transports compétitifs, sûrs, propres et réguliers.
Je ne crois pas à la ville sans voiture. C’est pour ça que nous continuons à construire des parkings et des parking-relais, car pour plein de gens, la voiture est et reste un besoin.

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