Jeudi 17 octobre, vingt-quatre heures avant de recevoir Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, Donald Trump parlait au téléphone avec Vladimir Poutine. Une conversation de plus de deux heures au cours de laquelle, selon le Washington Post, le président russe aurait exigé, pour mettre fin à la guerre, que Kiev abandonne à la Russie la région de Donetsk, dans l’est du pays.

Une exigence “qui désavantagerait considérablement l’Ukraine et pourrait constituer un obstacle à la paix”, selon de hauts responsables américains. En échange d’un contrôle total sur Donetsk, Vladimir Poutine “a laissé entendre” qu’il serait prêt à rendre à l’Ukraine des territoires partiellement conquis par les forces russes dans les régions de Zaporijia et Kherson, selon les mêmes responsables américains informés du contenu de la conversation.

La Russie et les séparatistes qu’elle soutient revendiquent certaines zones du “territoire clef” que constitue la région de Donetsk depuis 2014, mais ils n’ont jamais réussi à la conquérir entièrement par la force, rappelle le Washington Post. Les offensives de l’armée russe ont été repoussées à plusieurs reprises par les forces ukrainiennes “retranchées dans une zone qu’elles considèrent comme un rempart essentiel contre une avancée rapide de la Russie vers l’ouest en direction de la capitale”.

Des responsables de la Maison-Blanche soulignent qu’il s’agirait d’une revendication territoriale “légèrement moins ambitieuse” que celle formulée en août, lors du sommet Trump-Poutine à Anchorage, et veulent y voir un “progrès”. Il est peu probable que les Ukrainiens voient les choses de cette façon. « Ce serait comme vendre sa jambe droite pour du vent », commente un diplomate européen.

Trump optimiste, Poutine inflexible

Vendredi 18 octobre, lors de la rencontre Trump-Zelensky à Washington, Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump – et le principal interlocuteur de la Maison-Blanche avec le Kremlin avant la réunion d’Anchorage – aurait ainsi fait pression sur la délégation ukrainienne pour que l’Ukraine cède Donetsk, “soulignant que la région est majoritairement russophone”.

Ce point est fréquemment soulevé par le Kremlin et ses partisans, note le journal. Mais de nombreux Ukrainiens, dont Zelensky lui-même, “ont grandi avec le russe comme langue maternelle sans que ce soit, historiquement, un signe de sympathie envers Moscou”.

Deux semaines avant une nouvelle rencontre annoncée entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Hongrie, “où Poutine sait pouvoir compter sur le soutien du Premier ministre, Viktor Orbán”, l’attention portée par le président russe à la région de Donetsk suggère qu’il “ne renonce pas à ses anciennes exigences territoriales qui ont enlisé le conflit”, commente le Washington Post. Une insistance qui contraste avec l’optimisme affiché par Donald Trump quant à la conclusion prochaine d’un accord de paix.