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Dans le cadre du Pacte pour la Méditerranée, l’Union européenne envisage d’étendre le programme Erasmus à plusieurs nations du Proche-Orient.

Publié le 19 octobre 2025 à 14h54

Ursula von der Leyen. © Jean-Francois Badias/AP/SIPA

Ursula von der Leyen. © Jean-Francois Badias/AP/SIPA

Le 16 octobre 2025, l’Union européenne a dévoilé son « Pacte pour la Méditerranée », s’inscrivant dans la continuité du processus de Barcelone de 1995 et de l’Agenda pour la Méditerranée de 2021. Sous le slogan « Une mer, un pacte, un avenir », ce projet vise à renforcer les liens avec dix pays du Sud : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie et Tunisie, selon une approche de gouvernance dite « flexible », permettant à chaque partenaire de s’impliquer selon ses choix. Organisé autour de trois grands axes : Personnes, Économies durables et Sécurité, il mobilise 6 milliards d’euros de fonds européens pour catalyser jusqu’à 27 milliards d’investissements, notamment grâce à des instruments tels que la Banque européenne d’investissement.

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« Le Pacte est le résultat d’un vaste processus de consultation avec les 10 partenaires du sud de la Méditerranée, les États membres de l’UE, le Parlement européen », affirme le document, comme si les dialogues avec la société civile et les jeunes pouvaient masquer les fractures géopolitiques. Gaza en conflit, Liban et Syrie en ruines, Libye instable : l’Europe, épuisée par la crise économique et la guerre en Ukraine, imagine un « espace méditerranéen commun » aux contours flous. « La région méditerranéenne se trouve au carrefour de trois continents, Europe, Afrique et Asie et constitue un pont vital pour le partenariat économique, l’échange culturel et le dialogue entre ces régions diverses », souligne le texte, en occultant que ce « pont » comporte aussi ses risques d’instabilité.

La Cocarde étudiante s’oppose au projet

Dans le pilier « Personnes », présenté comme la « force motrice du changement », Erasmus+ sera étendu à la recherche, la culture, la jeunesse et le sport, avec une « Université méditerranéenne » délivrant diplômes conjoints et micro-certificats. « En investissant dans les personnes, en soutenant leurs choix d’apprentissage, de croissance et de mobilité, le Pacte aidera à renforcer les liens culturels, académiques, sociaux et économiques qui rendront la coopération entre l’UE et le sud de la Méditerranée encore plus forte et résiliente », note le document, sans mentionner l’écart de diplomation : 44,1 % en Europe contre 32,7 % dans six pays du Sud.

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Le pacte souligne que « élargir les voies de migration du travail entre l’UE et le Sud méditerranéen, y compris pour les travailleurs saisonniers, reste d’une importance cruciale pour matcher (sic) offre et demande sur les marchés du travail et promouvoir la croissance économique ». Il prévoit également un service civique méditerranéen pour la jeunesse, une Assemblée parlementaire des 18‑30 ans et des échanges culturels via Creative Europe. La Cocarde étudiante, syndicat de droite, a réagi sur X : « L’UE veut intégrer les pays arabes au programme Erasmus. Au programme : passer le budget de l’UE pour cette région à 42 milliards d’euros et créer un « pont entre les continents ». Envoyer les étudiants français en Syrie, en Libye ou en Palestine, quelle idée merveilleuse ! »