Un grand exportateur britannique de moules a déploré que trois de ses expéditions de marchandises vers l’UE aient été refusées. Il fait le lien entre ces événements et les négociations d’un nouvel accord commercial entre Londres et Bruxelles.

Les moules de la discorde entre le Royaume-Uni et la France. Offshore Shellfish, l’un des plus grands exportateurs britanniques de moules, s’est plaint d’avoir vu trois de ses cargaisons vers l’UE être refusées ces dernières semaines par les douanes françaises. «Nous avons envoyé des centaines et des centaines de chargements depuis le Brexit. Aucun n’a été refusé», a pourtant déclaré la directrice commerciale de la société, Sarah Holmyard, samedi, au Guardian . «Nous avons eu quelques problèmes administratifs, mais nos moules n’ont jamais été refusées. Le mois dernier, nous en avons eu trois», a-t-elle déploré.

Trois camions de l’entreprise (sur quatre) ont été empêchés d’entrer dans l’UE par les douaniers du port de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France. Un vrai coup dur pour la société familiale, puisque les trois cargaisons ont dû être détruites, pour une perte estimée à 150.000 livres (plus de 170.000 euros). Depuis la sortie du Royaume-Uni de l’UE, effective depuis 2020, Offshore Shellfish dit avoir continué à exporter ses coquillages vers le continent, malgré des contrôles post-Brexit plus stricts sur les produits alimentaires.


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Les expéditions refusées le mois dernier par les douanes françaises ne différaient pas des livraisons précédentes, selon Sarah Holmyard, qui qualifie ces décisions de «subjectives et incohérentes». Pour deux des trois camions refusés, «la raison invoquée était que les crustacés n’avaient pas été correctement lavés. Mais ils sont sortis de l’eau propre et ont été lavés», a affirmé la directrice commerciale. «Je pense, et je ne suis pas la seule à le penser, que c’est politique», a-t-elle ajouté.

Une cargaison d’huître refusée à cause d’une «faute de frappe»

Comme le rapporte le Guardian, plusieurs exportateurs de crustacés britanniques ont signalé une intensification des contrôles aux frontières, et même des rejets de leurs produits du côté européen de la Manche, depuis l’annonce d’un accord entre Londres et Bruxelles, en mai dernier, visant notamment à supprimer la nécessité de contrôles sanitaires et phytosanitaires (appelés SPS) sur les denrées alimentaires. Mais les négociations ne devraient pas se conclure avant 2027, un délai que de nombreux acteurs du secteur outre-Manche jugent beaucoup trop long.

Par exemple, cette semaine, un fournisseur britannique de fruits de mer a déclaré qu’il devenait «très difficile» d’exporter vers la France en raison de nouvelles exigences d’importation, notamment sur la façon dont la glace est fabriquée. Cette pêcherie, nommée Aqua-mar, a déploré que certaines expéditions de coquilles Saint-Jacques l’été dernier aient dû être détruites car elles ne respectaient pas les normes de température. Fin septembre, une cargaison de quatre tonnes d’huîtres avait déjà été refusée et détruite à la frontière française à cause d’une «faute de frappe» dans un numéro de référence. Mais, selon le Guardian, le gouvernement britannique n’a pas connaissance d’une augmentation significative des rejets de marchandises britanniques d’origine animale ou végétale entrant dans l’UE.