L’établissement dirigé par Vincent Lequenne accueille cette année une centaine d’élèves de CAP et de bac pro, et un peu plus de 300 adultes en formation continue.
Les dernières années fastes de l’établissement normand remontent à la décennie 2010, lorsque 120 à 130 élèves étaient scolarisés au lycée, qui peut en accueillir jusqu’à 170. « C’est un fait : ça baisse », concède Vincent Lequenne, le directeur du lycée, qui propose une formation en CAP (matelot), et trois en bac professionnel (CGEM options pêche et commerce, EMM et cultures marines).
A l’issue du CAP, « la plupart des élèves se lancent dans la vie professionnelle, mais la moitié ne restera pas dans le secteur maritime », observe le chef d’établissement, interrogé par Mer et Marine. En cause : des stages qui ne convainquent pas, des difficultés sociales ou familiales, et parfois des handicaps. Pour accompagner les jeunes élèves en situation de handicap, notamment avec des troubles des apprentissages, le lycée a créé il y a trois ans un service inclusion, composé cette année de trois AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap).
« Ce n’est pas quelque chose que nous mettons particulièrement en avant, mais nous le signalons aux parents qui nous préviennent que leur enfant est concerné par un trouble des apprentissages, reconnu par la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) ». Ces élèves bénéficient d’aménagements et d’un suivi pédagogique spécifique, qui améliorent leur bien-être et leur quotidien.
« Les AESH que nous recrutons sont des parents concernés par le sujet, ce qui les rend d’autant plus attentifs aux efforts de l’élève, avec une posture différente de celle de l’enseignant. Et cela incite leurs camarades à faire preuve de solidarité, qui est à la base de nos métiers ». Huit élèves sont suivis cette année, en CAP et en bac pro.
La formation CGEM en difficulté
Trois formations en bac pro sont dispensées au lycée Daniel Rigolet – du nom de l’inventeur de la combinaison de survie pour les marins. Elles sont accessibles pour les CAP qui veulent poursuivre leurs études, ou les collégiens de troisième qui optent pour la filière maritime.
Le bac pro conduite et gestion des entreprises maritimes (CGEM) option commerce est celui qui, à Cherbourg, connaît le plus de difficultés de recrutement. « C’est un milieu très disparate, difficile à appréhender. Nous avons beaucoup de jeunes qui souhaitent naviguer au long cours, mais c’est difficile avant 18 ans, en raison des réglementations internationales ». La stratégie, pour ces élèves, consiste à effectuer leurs premiers stages chez des armateurs comme Manche Îles Express, qui dessert les îles anglo-normandes, ou Brittany Ferries, et de passer chez CMA CGM, par exemple, une fois leur majorité atteinte.
L’autre option du bac pro CGEM, la pêche, qui occupe une place notable dans les activités maritimes de Cherbourg aux côtés du commerce transmanche et du militaire, recrute moins de candidats. « La pêche artisanale est la raison d’être de l’établissement, mais c’est très compliqué en ce moment », résume sobrement le directeur. Durant leur formation au lycée, les élèves ont à leur disposition des « bateaux vieillissant mais entretenus », comme le Normandie, un chalutier de 12 m d’une cinquantaine d’années, une baleinière motorisée et un voilier, pour leurs entraînements sportifs.
Un simulateur machine « très performant »
Tout va bien en revanche pour le bac pro électromécanicien marine (EMM), récemment doté d’un nouveau simulateur machine financé par l’Union européenne et la Région Normandie (800.000 euros installation comprise), qui sert également à la filière CGEM. « Il s’agit d’un simulateur Wärtsilä, qui permet de s’entraîner sur cinq types de navires, dont les navires à propulsion GNL, comme le Guillaume de Normandie de Brittany Ferries », exploité sur la ligne Caen-Ouistreham/Portsmouth. Un « outil très performant », qui permet aux élèves qui ne souhaitent finalement pas s’engager dans la voie maritime de trouver facilement un emploi dans la filière industrielle à terre.
Erasmus en Irlande
Les feux sont également au vert pour le bac pro cultures marines, qui prépare en trois ans à l’exercice de responsabilités de direction dans les entreprises d’aquaculture. Les élèves passent deux jours par semaine à la ferme aquacole du lycée, à Saint-Vaast-sur-Hougue, dotée des équipements nécessaires à la formation de futurs ostréiculteurs, mytiliculteurs, pisciculteurs… La formation accueille cette année trois apprentis, « qui suivent le même programme que les autres mais n’ont pas les congés scolaires. La cadence peut être un peu difficile pour les plus jeunes ».
Si le bac pro cultures marines se porte bien dans son établissement, Vincent Lequenne sait que la formation fera l’objet d’une réforme qui entrera en vigueur dès la rentrée prochaine. Parmi les choses qu’il souhaite voir évoluer, il y a le lien avec l’Europe en général, et l’Irlande en particulier, bien connectée avec Cherbourg et qui représente selon lui « l’avenir de l’ostréiculture ». L’an dernier, dans le cadre du programme Erasmus, plusieurs élèves du bac pro cultures marines ont ainsi effectué deux semaines de stage dans des entreprises ostréicoles de Bannow Bay, au sud-est de l’Irlande.
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