Un rassemblement le vendredi 17 octobre sur le pont de Clichy non déclaré donc interdit, des forces de l’ordre qui redirigent la trentaine de participants vers les berges. Et des messages rageurs postés sur X (ex-Twitter) par l’ancien maire de Clichy Gilles Catoire (PS) comparant l’actuel préfet des Hauts-de-Seine à Maurice Papon, lequel était justement préfet de police de Paris le 17 octobre 1961, jour du massacre d’une centaine d’Algériens dans la capitale.
« Le préfet des Hauts-de-Seine a interdit le jet de fleurs sur le pont de Clichy en hommage aux victimes algériennes tuées et jetés dans la Seine le 17 octobre 1961 », s’indigne Gilles Catoire ce samedi, au milieu d’une dizaine d’autres messages de protestation. Dans cette même réponse à un tweet à Marine Tondelier (Les Écologistes), l’ex-élu feint de s’interroger : « Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde (NDLR : entre 1942 et 1944), qui y a fait déporter un millier de Juifs, a-t-il encore des émules dans le corps préfectoral ? »
La comparaison a immédiatement fait réagir Alexandre Brugère, en poste à la préfecture des Hauts-de-Seine depuis novembre 2024. « Je vais évidemment déposer plainte contre ces propos ignominieux », annonce le haut fonctionnaire, qui entend poursuivre Gilles Catoire pour injure.
« L’absence d’organisateur (…) a empêché de préparer la sécurisation de la manifestation »
Sur le fond, la préfecture précise le contexte de l’arrêté d’interdiction de rassemblement sur le pont de Clichy le 17 octobre à 18h30. En fin de semaine dernière, les services de l’État ont été informés via le commissariat local d’un appel à se réunir sur le pont « par un organisateur non identifié ». Il s’agissait, selon nos informations, de tracts distribués sur la voie publique.
Mais « aucune déclaration en préfecture, pourtant obligatoire au plus tard trois jours avant la manifestation, n’a été effectuée », indiquent les services de l’État. Sur l’ensemble du territoire, une demi-douzaine de rassemblements ont été enregistrés et validés pour ces mêmes commémorations.
Dans ces conditions, « au regard du danger auquel s’exposaient ses participants du fait de la configuration du lieu et en accord avec la préfecture de police, l’accès au pont a été interdit », poursuit la préfecture, soulignant que « l’absence d’organisateur connu et de déclaration a empêché de préparer la sécurisation de la manifestation ».
« Cela fait dix ans que le collectif citoyen dont je fais partie organise cette commémoration et, de mémoire, nous n’avons jamais eu à la déclarer », regrette Manuel Allamelou. L’ancien élu socialiste de Clichy rapporte que des fleurs blanches ont pu être jetées dans le fleuve depuis les berges et que le rassemblement s’est « très bien passé, comme toujours ».
Les forces de l’ordre ont en effet orienté les participants en contrebas du pont, où se trouve justement une stèle en hommage aux victimes du 17 octobre 1961. « Aucune verbalisation n’a été opérée et le rassemblement a ainsi pu se dérouler en toute sécurité », précise encore la préfecture, qui rappelle qu’une cérémonie officielle s’est déroulée sur le pont de Bezons pour déposer une gerbe au nom du Président de la République.
Gilles Catoire sous la menace d’une exclusion du PS
Sollicité, le Parti socialiste des Hauts-de-Seine assure « se désolidariser totalement des propos injurieux de l’ancien maire de Clichy ». Et précise que Gilles Catoire fait actuellement l’objet d’une procédure disciplinaire, en raison de précédents messages postés sur X. « Cette procédure pouvant aller jusqu’à l’exclusion est en cours d’instruction depuis septembre pour cyberharcèlement contre Julie Martinez, porte-parole du PS », précise Brice Gaillard, patron de la fédération socialiste des Hauts-de-Seine.
Depuis la rentrée, la jeune femme est en effet la cible quasi quotidienne de Gilles Catoire. Pressentie mais pas encore officiellement investie pour mener la liste PS pour les municipales de mars prochain à Clichy, Julie Martinez était alors attaquée car salariée de Palantir, géant américain de la surveillance numérique cofondé par Peter Thier, milliardaire libertarien et trumpiste. Une entreprise qui ne correspond pas vraiment aux valeurs défendues par le parti à la rose. L’intéressée fait savoir ce dimanche qu’elle n’est « plus en poste chez Palantir depuis le 13 octobre ».
Contacté, Gilles Catoire a répondu aux sollicitations du Parisien par un simple message reprenant l’un de ses posts publié ce dimanche en fin de matinée sur X : « Que serait-il arrivé aux Algériens le 17 octobre si Maurice Papon avait disposé de la plateforme Palantir utilisée aux USA pour mener des rafles ? »