Le débat anime parfois les travées de Mayol. « Le Ben White de Toulon est-il le même que celui de l’Écosse ? » La question a déjà pu être posée à raison, tant l’animateur resplendit souvent avec le XV du Chardon… et laisse régulièrement sur sa faim le peuple de Besagne. Sauf que ce dimanche soir, sur la rade, il aurait été difficile de trouver un aficionado toulonnais pour remettre l’interrogation sur la table.

Le demi de mêlée britannique sortait pourtant de quelques rencontres délicates avec le club rouge et noir. Revenu de la tournée australienne des Lions sur le tard, il avait écopé d’un carton jaune pour sa première de la saison en Top 14 à Bayonne. Deux semaines plus tard, il avait vécu un petit cauchemar dans l’antre du Michelin, contre Clermont, derrière un paquet d’avants surdominé durant les quarante premières minutes. Pas de quoi vous mettre en confiance avant une affiche face à un Racing 92 venu à Mayol équipé de ses poids lourds.

Parfait gestionnaire

Et pourtant. Si Toulon perdait Baptiste Serin sur blessure, touché aux côtes, dès la 26e minute de la rencontre, il retrouvait dans le même temps un Ben White en grande forme. Dès ses premières secondes passées sur le pré, le numéro 9 a balayé toutes les inquiétudes qui auraient pu faire frémir le public varois. Propre sur ses sorties de camp (comme à la 34e ou à la 44e), appliqué sur ses passes et courageux au plaquage (54e par exemple), le natif de Stoke-on-Trent a surtout ravi par sa gestion du tempo et des moments forts de son équipe. Les passes étaient justes. Les choix aussi.

Même ses attitudes sans ballon, pleines d’envie, de rage et parfois d’agacement, n’ont pas manqué de rappeler à certains celles de l’indéboulonnable « Bapi » Serin. Pas de doute, donc. C’est bien le vrai Ben White, celui que l’Écosse chérit tant, qui a contribué à mener son équipe vers la victoire dimanche soir. Et, forcément, cela rassure pour la suite. Il ne lui reste désormais qu’à enchaîner.

Récemment, d’ailleurs, l’intéressé confiait : « À chaque fois que je joue, que ce soit pour Toulon ou pour l’Écosse, je m’investis à 100 % et fais de mon mieux pour gagner. Je ne travaille pas plus dur avec une équipe qu’avec l’autre. Je ne change pas de mentalité. Pas du tout. Il suffit de demander aux joueurs ou à n’importe qui dans le groupe. » Pour le coup, dimanche, on aurait aussi pu demander à tout Toulon.

Photo Florian Escoffier