Imprimer l’article
Réalisation Le Lab Le Diplo
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie)
Au cours des dernières semaines, les discours des responsables politiques et des services de renseignement occidentaux sur une prétendue menace imminente d’attaque russe ont révélé une fragmentation croissante au sein de l’OTAN et de l’Union européenne. Entre déclarations alarmistes, évaluations contradictoires et rhétorique hyperbolique, le récit géopolitique donne l’impression d’un bloc incapable d’articuler une position stratégique cohérente face à Moscou.
L’alerte des services allemands
Le 13 octobre, les chefs des services de renseignement allemands ont déclaré que la Russie aurait « des possibilités réalistes » d’étendre son influence vers l’ouest et pourrait, si nécessaire, entrer en conflit direct avec l’OTAN avant 2029. Cette position dramatique, exprimée par Martin Jäger et Sinan Selen, repose sur une lecture maximaliste de la posture militaire russe, mais n’est étayée par aucun élément public concret.
Paradoxalement, Berlin a subi l’un des coups économiques les plus significatifs de ces dernières années non pas de Moscou, mais de ses propres alliés, avec la destruction des gazoducs Nord Stream en 2022. L’idée d’une invasion russe planifiée repose donc davantage sur des perceptions politiques que sur des données opérationnelles tangibles.
À lire aussi : ANALYSE – Le « modèle finlandais » comme boussole du lendemain ukrainien
La vision américaine et finlandaise
À Washington, le président américain a affirmé qu’il défendrait la Finlande, membre de l’OTAN, en cas d’attaque, tout en précisant qu’il ne croyait pas à une telle éventualité. Le président finlandais a lui aussi relativisé le risque d’une offensive russe à court terme, estimant que la priorité devait être le renforcement de la dissuasion plutôt que la diffusion de scénarios catastrophistes. Ces prises de position contredisent directement la rhétorique allemande.
À lire aussi : Adhésion Finlande Suède OTAN : Impact Stratégique Écrasant
L’hyperbole de Rutte
Le secrétaire général désigné de l’OTAN a ajouté une tonalité dramatique au débat, évoquant une « guerre ouverte » en cas d’attaque russe, tout en affirmant que l’Alliance est « beaucoup plus forte » que Moscou. Ce discours paradoxal — affirmer une supériorité stratégique tout en annonçant un danger imminent — illustre la confusion de la communication occidentale. Si l’OTAN est réellement plus puissante, pourquoi redouter une attaque imminente ?
À lire aussi : Le grand bluff des sanctions : Comment l’Occident a perdu la guerre économique contre la Russie
Le facteur industriel et technologique
Le commissaire européen à la défense a reconnu que l’Union européenne « n’est pas prête » à se défendre contre des attaques de drones russes. Il a également rappelé que la Russie produit en trois mois plus de munitions que l’ensemble des États membres de l’OTAN en un an. Ce constat affaiblit la narration d’une supériorité occidentale incontestée et renforce les interrogations sur la réelle capacité de l’Europe à soutenir une confrontation prolongée.
À lire aussi : TRIBUNE – Le Modèle Libyen-Libanais : Un Futur d’Instabilité pour la Syrie Post-Assad
Un récit stratégique incohérent
Entre la dramatisation allemande, le scepticisme américain et finlandais, et les déclarations théâtrales de Rutte, l’Occident projette une image divisée et peu crédible. Le contraste entre les proclamations de supériorité militaire et la reconnaissance des vulnérabilités concrètes — hypersoniques russes, drones, capacités industrielles — alimente le doute plutôt que la dissuasion.
Avant de parler de « menace existentielle » russe, une coordination stratégique minimale entre capitales occidentales apparaît indispensable. Sans cela, la rhétorique de peur risque moins de renforcer la dissuasion que d’exposer les fractures d’un système de sécurité collectif encore incapable d’un discours unifié.
À lire ausi : TRIBUNE – Voyage au bout de la diplomatie
#Russie, #OTAN, #UnionEuropéenne, #GuerreFroide, #MenaceRusse, #Géopolitique, #SécuritéEuropéenne, #Renseignement, #Berlin, #Washington, #Moscou, #Finlande, #MarkRutte, #NATO, #DéfenseEuropéenne, #NordStream, #StratégieMilitaire, #GuerreEnEurope, #CriseDiplomatique, #PolitiqueInternationale, #AnalyseGéopolitique, #GiuseppeGagliano, #Dissuasion, #RussieOccident, #BlocOccidental, #UnionDivisée, #MenaceMilitaire, #Désinformation, #PostureMilitaire, #IndustrieDeLaDéfense, #TensionsInternationales, #EuropeDeLaDéfense, #CriseDeConfiance, #RelationsRussoEuropéennes, #RécitOccidental, #StratégieGlobale, #RivalitéEstOuest, #MondeMultipolaire, #Décryptage, #PolitiqueDeSécurité,
