🕒 Article publié le 20 octobre 2025
✅ Mis à jour le 20 octobre 2025
C’était une liaison mythique, un trait d’union entre deux grandes métropoles françaises. Pourtant, depuis 2014, le train direct entre Lyon et Bordeaux n’existe plus. Plus de 500 km de rails, deux régions dynamiques, mais, plus aucun trajet sans correspondance. Pour beaucoup de voyageurs, cette disparition reste une énigme, du fait notamment de la forte demande. Alors, pourquoi cette ligne historique a-t-elle disparu ? Et surtout, reviendra-t-elle un jour ?
L’ancienne ligne de train Bordeaux – Lyon permettait d’éviter un passage par Paris © Leonid A.
Une ligne mythique qui traversait la France
Pendant plus d’un siècle, la ligne Bordeaux – Lyon via Limoges et Montluçon a relié l’Atlantique et le Rhône sans passer par Paris. C’était une artère essentielle du réseau ferroviaire français, ouverte à la fin du XIXe siècle, qui permettait de traverser cinq régions. Dans les années 1980 et 1990, les célèbres Corail Intercités assuraient encore plusieurs allers-retours quotidiens (7h en moyenne).
Chronologie de la disparition du train Bordeaux – Lyon
La fin de la liaison directe ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle résulte principalement d’années de sous-investissement et de choix politiques.
- Années 1980 – 1990 : Le Corail Intercités Bordeaux – Lyon circule quotidiennement, avec un trajet d’environ 7h.
- Début des années 2000 : Réduction des dessertes et dégradation progressive de l’infrastructure.
- Décembre 2012 : Suppression officielle de la liaison Intercités directe.
- 2014 : Dernier train direct entre Lyon et Bordeaux.
- 2017–2024 : Relances politiques et études régionales, mais aucun projet concret de réouverture.

La gare de Lyon, autrefois reliée à la gare de Bordeaux Saint-Jean © adisa
Pourquoi la ligne a-t-elle disparu ?
Tout d’abord, le réseau vieillissant : certaines sections datent encore du XIXe siècle et nécessitent des travaux coûteux. Ensuite, la concurrence du TGV via Paris, plus rapide, mais totalement déconnectée de la logique régionale. Enfin, un désintérêt politique pour les lignes transversales. En effet, les investissements se sont concentrés sur les grands axes nord-sud afin de centraliser le réseau à Paris.
Vers un retour de la ligne en 2026
Après l’échec de Railcoop en 2024, le débat sur les liaisons transversales ferroviaires refait surface. Plusieurs régions, dont la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes, ont demandé à l’État et à la SNCF de réexaminer la faisabilité d’un nouveau train Bordeaux – Lyon, dans le cadre du Plan de relance ferroviaire. Mais, faute d’accord sur le financement, aucune date n’a encore été fixée.
Les alternatives actuelles pour un Bordeaux – Lyon
Aujourd’hui, plusieurs options existent pour relier Lyon et Bordeaux :
- Le TGV via Paris, environ 5h mais avec un changement de gare.
- Le train avec correspondances, plus de 6h30 via Limoges et Clermont-Ferrand.
- Le bus longue distance, entre 6h et 7h selon les trajets.
- Le covoiturage, plus économique, mais dépendant des conditions de circulation.

Un train de la sncf en gare © Leonid A.
Une fracture ferroviaire toujours d’actualité
La disparition du train Lyon – Bordeaux révèle un malaise plus large : la marginalisation des lignes transversales au profit des axes radiaux centrés sur Paris. Pourtant, la France se targue de promouvoir la mobilité durable et la réduction du trafic aérien. En réalité, ces décisions ont accentué la dépendance des régions à la route ou à la capitale. Entre écologie et économie, le débat reste ouvert, mais la cohérence du réseau ferroviaire français, elle, semble s’être égarée sur les voies secondaires.
Et pendant ce temps, les lignes aériennes se multiplient
Pendant que le train Bordeaux – Lyon disparaissait, les vols entre les deux villes ont explosé. Les compagnies low cost ont profité de la faille ferroviaire, avec des vols de 55 minutes à bas prix. Résultat, le trajet est désormais plus rapide… mais aussi plus polluant. Alors que l’on parle de transition écologique, cette situation illustre une réalité paradoxale : en France, il est aujourd’hui plus facile de traverser le pays en avion qu’en train.