Par
Fabien Massin
Publié le
20 oct. 2025 à 12h41
Une expédition punitive sur fond de règlement de comptes. Dans la soirée du 22 août 2025, en pleine rue à Barentin (Seine-Maritime), un homme âgé d’une vingtaine d’années est roué de coups, puis enlevé et forcé de monter dans une voiture. Il est laissé une heure plus tard à la lisière d’une forêt. Pour ces faits, quatre hommes étaient jugés par le tribunal de Rouen vendredi 17 octobre 2025.
Un témoin relève la plaque d’immatriculation
Ce vendredi soir-là, Enzo* circule sur sa trottinette quand trois individus — Aurélien, Kévin et Lamine*, âgés de 23 à 32 ans — lui tombent dessus. Enzo est amené de force dans une Peugeot 207 conduite par un complice, Idriss*, 20 ans. Mais un témoin a tout vu de la scène d’enlèvement, un homme qui avec sa voiture, tente de barrer la route la route aux agresseurs. S’il ne parvient pas à les immobiliser, il prend bien soin de noter l’immatriculation de la Peugeot.
Pendant la fuite, l’un des ravisseurs contraint Enzo à baisser la tête, pour lui masquer le chemin emprunté. Arrivé près d’une forêt, ils le font sortir et le frappent à nouveau, lui cassant notamment les dents.
L’enquête aboutit rapidement à l’arrestation des quatre accusés, Aurélien, Kévin et Lamine, poursuivis pour enlèvement, séquestration et violences en réunion, et Idriss, le conducteur, pour complicité. Les agresseurs ont été confondus par une série d’éléments recueillis au cours de l’enquête : images de vidéosurveillance le soir des faits, bornage des téléphones portables et analyse de leur contenu, ou encore relevé d’empreintes ADN. À l’issue de leur garde à vue, Aurélien, Kévin et Lamine sont placés en détention provisoire et Idriss sous contrôle judiciaire.
« La victime n’est pas là aujourd’hui, on sait pourquoi »
Au cours de l’enquête un motif apparait : une dette que les agresseurs, peut-être sur fond de trafic de dogues, aurait voulu récupérer manu militari auprès d’Enzo. Victime qui n’a pas porté plainte et qui n’était pas non plus présente au procès.
Dans son réquisitoire, la procureure de la République estime : « La victime n’est pas là aujourd’hui, depuis le début elle ne veut pas coopérer, on sait pourquoi. L’idée c’est récupérer une dette de stupéfiants. En réalité il a peur des représailles. » Et lui comme ses agresseurs a un casier judiciaire déjà bien fourni.
Ce dossier ne serait pas jugé aujourd’hui s’il n’y avait pas eu M. V. de passage en voiture, témoin courageux qui a vu l’enlèvement et a voulu s’y opposer.
Procureure de la République à Rouen
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À l’audience, les trois accusés dans le box nient tout implication dans cette soirée. « Mon téléphone a borné à Barentin ce soir-là, c’est vrai, mais c’est parce que j’étais allé voir mon père », essaye d’expliquer Kévin. Lamine se hasarde également à déclarer : « On a trouvé mon ADN mais peut-être qu’il a été rajouté après ».
« Le doute doit toujours profiter à l’accusé »
Pas de quoi convaincre la procureure de la République, loin s’en faut, pour qui la participation des accusés à l’agression est établie, malgré les tentatives des avocats pour tenter de démontrer les failles de l’enquête et les incertitudes sur le déroulé exact des faits, l’un d’eux soulignant que « le doute doit toujours profiter à l’accusé ».
Au final, le tribunal a condamné** Idriss, le conducteur, à 6 mois de prison aménageables sous le régime du bracelet électronique, Aurélien et Lamine à 2 ans de prison ferme avec maintien en détention, et Kévin à 3 ans et demi de prison avec maintien en détention.
*Les prénoms ont été modifiés
**Ces peines sont susceptibles d’appel. Tout justiciable demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.
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