Il faut attendre le crépuscule des années 1970 pour que Gerhard Richter abandonne le photoréalisme qui caractérisait ses œuvres pour, une nouvelle fois, réinventer un mouvement à l’aide d’une technique novatrice. Ainsi, il épouse l’abstraction en étalant différentes couches de couleur sur ses toiles, patientant, rigoureux, que chaque strate soit sèche pour entamer la suivante. Une technique qui lui vaut de nombreux prix, jusqu’à celui de la 47ème Biennale de Venise en 1997, mais qu’il se refuse à expliquer. Au cœur des années 1980, alors en pleine ascension, il met en garde les critiques d’art qui tentent d’expliquer sa démarche. Il va jusqu’à citer l’écrivain français Gérard de Nerval, lorsqu’il s’adressait à Alexandre Dumas en clamant : “Mes sonnets ne sont guère plus obscurs que la métaphysique de Hegel…, et perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible”. Comprendre : ses tableaux sont sans objet, ni contenu. Ce qui ne les empêche pas d’être nombreux – en témoigne l’immense sélection présentée à partir du 17 octobre 2025 à la Fondation Louis Vuitton. 270 ; voilà le nombre d’œuvres présentées à cette occasion, séparées entre huit galeries dans un parcours chronologique, afin de rendre compte au mieux des déambulations artistiques du peintre de 93 ans.

Gerhard Richter Lesende Femme lisant 1994  Huile sur toile 72 x 102 cm Collection SFMOMA

Gerhard Richter, Lesende [Femme lisant], 1994 (CR 804), Huile sur toile, 72 x 102 cm, Collection SFMOMA, Purchase through the gifts of Mimi and Peter Haas and Helen and Charles Schwab, and the Accessions Committee Fund: Barbara and Gerson Bakar, Collectors Forum, Evelyn D. Haas, Elaine McKeon, Byron R. Meyer, Modern Art Council, Christine and Michael Murray, Nancy and Steven Oliver, Leanne B. Roberts, Madeleine H. Russell, Danielle and Brooks Walker, Jr., Phyllis C. Wattis, and Pat and Bill Wilson© Gerhard Richter 2025

L’exposition En plein cœur à la Maison Guerlain

Le projet En plein cœur prend pour point de départ le centenaire de Shalimar, fragrance emblématique de la maison Guerlain, partenaire de la foire d’art moderne et contemporain Art Basel Paris. Créé en 1925 par Jacques Guerlain, ce parfum iconique s’inspire d’une légende d’amour entre l’impératrice Mumtaz Mahal et l’empereur moghol Shâh Jahân, au cœur des luxuriants jardins de Shalimar, à Agra. À la mort de son épouse adorée, l’empereur, accablé de chagrin, fit ériger en sa mémoire le Taj Mahal, chef-d’œuvre d’architecture et symbole d’amour éternel. Shalimar — qui signifie littéralement “demeure de l’amour” en sanskrit — incarne depuis un siècle une vision du sentiment amoureux à la fois absolue et insaisissable. Parmi celles et ceux qui ont été marqués par ce sillage, l’artiste Louise Bourgeois, dont une œuvre figure dans l’exposition, lui était restée fidèle : “Les parfums, comme les souvenirs, ils apparaissent, puis ils disparaissent, et ils réapparaissent… C’est la preuve que c’est la durée du temps. J’utilise Shalimar depuis des décennies.”