Portant la marque de la criminalité organisée, ce vol en plein jour dans l’un des plus célèbres musées du monde, avec 9 millions de visiteurs par an et 35 000 œuvres sur 73 000 m2, a eu un retentissement international.

Le musée reste fermé lundi. Il ne devrait pas rouvrir avant mercredi, le mardi étant jour de fermeture hebdomadaire.

«On avait prévu cette visite depuis six mois et on rentre demain, tant pis», ont regretté Chloe Hutchison, 26 ans et Michael Wilkie, 29 ans, un couple d’Écossais, lundi matin dans la fille d’attente.

Ce vol par effraction a déclenché une polémique politique et relancé le débat sur la sécurité des musées français, qui présentent «une grande vulnérabilité», a reconnu dimanche le ministre de l’Intérieur français Laurent Nuñez.

Il va envoyer une instruction pour le renforcement des dispositifs de sécurité autour des établissements culturels, a-t-on indiqué lundi dans son entourage.

«Retard persistant»

La cour des comptes, institution chargée de vérifier l’emploi des fonds publics en France, estime que le musée «n’est pas parvenu à rattraper son retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres», selon un pré-rapport consulté par l’AFP. La cour, qui s’est penchée sur la période 2019-2024, parle d’un «retard persistant».

«Nous avons failli», a reconnu lundi le ministre de la Justice français Gérald Darmanin, déplorant que les voleurs aient été «capables (…) de donner une image déplorable de la France».

 

Dimanche aux alentours de 9h30, une nacelle se cale sous un balcon. Après avoir découpé une vitre à la disqueuse, deux cambrioleurs s’introduisent dans la galerie d’Apollon, commandée par Louis XIV pour exalter sa gloire de Roi-Soleil. La salle abrite «la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne», qui compte environ 800 pièces.

Ils ouvrent deux vitrines à la disqueuse. Visages masqués et portant des gilets jaunes, ils volent neuf pièces, toutes du XIXe siècle.

Enquête administrative

La couronne de l’impératrice Eugénie, l’épouse de Napoléon III (empereur de 1852 à 1870), est abandonnée dans leur fuite par les malfaiteurs. Son état est en cours d’examen.

Mais sont emportées huit pièces «d’une valeur patrimoniale inestimable» selon les autorités. Parmi elles, le diadème d’Eugénie, qui compte près de 2 000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848), et d’Hortense de Beauharnais (mère de Napoléon III). Il est composé de huit saphirs et de 631 diamants, selon le site internet du Louvre.

L’opération dure huit minutes. Elle est le fait de cambrioleurs «chevronnés», qui ont pris la fuite à scooter, et qui pourraient être «étrangers» et «éventuellement» connus pour des faits similaires, selon Laurent Nuñez.

Selon le ministère de la Culture, grâce à l’intervention d’agents du musée «les malfaiteurs ont été mis en fuite, laissant derrière eux leurs équipements».

Les auteurs, «commando» de quatre personnes, peuvent avoir agi «au bénéfice d’un commanditaire» ou avoir voulu obtenir «des pierres précieuses pour pratiquer des opérations de blanchiment», a déclaré la procureure de Paris, Laure Beccuau.

 

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a indiqué sur la chaîne de télévision privée M6 que ses services diligenteraient une enquête administrative, en parallèle des investigations judiciaires, «pour avoir un vrai déroulé» de «ce qui s’est passé», «à la seconde près».

Ce vol est le premier recensé au Louvre depuis celui, en 1998, d’un tableau du peintre français Camille Corot jamais retrouvé.

La droite et l’extrême droite se sont immédiatement insurgées contre ce vol. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella y a vu «une insupportable humiliation» pour la France et le vice-président du parti conservateur Les républicains, François-Xavier Bellamy, un «symptôme d’un pays qui ne sait plus protéger son patrimoine».

Selon le ministère de la Culture, les alarmes, situées sur la fenêtre extérieure de la galerie ainsi que sur les deux vitrines haute sécurité, se sont déclenchées. Il reste à «savoir si les gardiens ont entendu ces alarmes» et déterminer si elles ont bien «sonné» dans la pièce objet du vol, selon Mme Beccuau.

«Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice», a promis dimanche le chef de l’État, Emmanuel Macron.

Une soixantaine d’enquêteurs sont mobilisés.