Parti en janvier de Toulon pour son premier déploiement de longue durée, étape finale de la vérification de ses capacités militaires avant admission au service actif, le troisième des six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) français a retrouvé sa base varoise.
Le Tourville est rentré à Toulon il y a quelques jours, a appris Mer et Marine. Ces trois derniers mois, le bâtiment a réalisé son premier déploiement de longue durée, permettant d’achever la période de vérification de ses capacités militaires suite à sa livraison par Naval Group, le 16 novembre dernier. Cette séquence a été centrée sur l’Atlantique, permettant notamment de confronter ce troisième SNA de la classe Suffren aux eaux très froides du Grand Nord. Aperès une escale à Lisbonne, au Portugal, en février, le Tourville a, ainsi, évolué vers le Canada, faisant relâche en mars à Halifax. On se demandait alors si la sous-marinade française en profiterait pour réaliser sa première véritable navigation sous les glaces. En effet, les nouveaux sous-marins d’attaque tricolore sont désormais suffisamment discrets pour pouvoir s’aventurer sous la banquise, un milieu extrêmement silencieux dont seuls les sous-marins américains, russes et britanniques ont l’habitude. C’est aussi une navigation qui nécessite des capacités sonars particulières. Mais, a priori, le Tourville n’a pas tenté cette expérience, qui sera probablement un enjeu opérationnel pour la Marine nationale dans les années qui viennent.
Après cette séquence canadienne, le Tourville a poursuivi son déploiement en Atlantique, navigant plus au sud, notamment au large de l’île de Madère, où une interaction a eu lieu avec les forces lusitaniennes. Un hélicoptère Merlin de l’armée de l’air portugaise a, ainsi, hélitreuillé deux officiers français à bord du SNA.
De retour à Toulon, le bâtiment devrait bénéficier d’un arrêt technique programmé et être admis au service actif plus tard cette année. Il va ainsi rejoindre ses deux aînés, le Suffren et le Duguay-Trouin, de l’admission au service actif a été prononcée en juin 2022 et avril 2024. Suivra le De Grasse, qui va bientôt sortir du hall de construction du chantier Naval Group de Cherbourg en vue d’une livraison à la Marine nationale en 2026. Les deux derniers SNA de cette classe, réalisée dans le cadre du programme Barracuda, sont les futurs Rubis et Casabianca, dont la construction est déjà bien avancée. Ils doivent rallier la flotte française en 2028 et 2030.
Longs de 99.5 mètres pour un déplacement de plus de 4600 tonnes en surface (5300 tonnes en plongée), les Suffren peuvent mettre en œuvre des torpilles lourdes F21, des missiles de croisière MdCN et des missiles antinavire Exocet SM39, avec quatre tubes de 533 mm et une réserve pour 20 armes. Ils sont également conçus pour embarquer derrière le massif un hangar de pont (dry deck shelter – DDS) pouvant accueillir le matériel des commandos marine, dont le propulseur sous-marin de troisième génération (PSM3G).
Le programme Barracuda permet d’assurer la succession des six premiers SNA français de la classe Rubis. Quatre d’entre eux ont déjà été désarmés, les Saphir (1984-2019), Rubis (1983-2022), Casabianca (1987-2023) et Émeraude (1988-2024). Le prochain bâtiment de ce type à devoir sortir de flotte est l’Améthyste, qui est opérationnelle depuis 1992 et devrait être mise en retraite avec l’arrivée du De Grasse, en 2026. Quant à la Perle, datant de 1993, elle a été remise en service à l’été 2023 après un chantier colossal ayant permis de la réparer après le grave incendie qui avait ravagé sa partie avant en juin 2020. Menés à bien par Naval Group, ces travaux ont permis au passage de moderniser le bâtiment qui, au final, pourrait naviguer jusqu’en 2030. Ce qui permettrait à la Marine nationale de recouvrer son format nominal de six SNA en service dès 2028.
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