Oliver Moazzezi n’est pas médecin, mais il a fini par résoudre ce que des professionnels n’avaient pas su expliquer. Pendant des années, cet informaticien de Whiteley, dans le sud de l’Angleterre, a souffert d’une fatigue chronique, de spasmes musculaires, d’hypertension et d’acouphènes persistants. Les médecins lui ont parlé d’anxiété. Lui, sentait qu’on passait à côté de quelque chose.
L’algorithme fait mieux que la médecine
« Je me sentais comme un hypocondriaque », raconte-t-il à la BBC. « Personne ne voulait écouter tous mes symptômes ensemble. » Jusqu’au jour où il a décidé de les confier à une intelligence artificielle, en prenant soin de préciser : « Cherche uniquement dans des sources médicales vérifiées. »
Le verdict tombe : maladie de Lyme. Oliver consulte un médecin privé, qui confirme le diagnostic par un test d’anticorps. Il se souvient : « Si je n’avais pas persisté, je ne sais pas où j’en serais. » Depuis qu’il a commencé son traitement, ses symptômes se sont atténués. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais elle soulève une question essentielle : pourquoi a-t-il fallu une IA pour poser un diagnostic que la médecine humaine n’a pas su établir ?
La maladie de Lyme, transmise par les tiques, est connue pour ses nombreux symptômes : éruptions cutanées, fatigue, douleurs articulaires, troubles neurologiques. Facile à traiter lorsqu’elle est détectée tôt, elle devient redoutable quand elle passe inaperçue. En Angleterre et au pays de Galles, on recense environ 1.500 cas confirmés par an, mais les spécialistes estiment que le nombre réel dépasse les 4.000.
« Les protocoles actuels ne prennent pas toujours en compte la complexité des symptômes », déplore la clinicienne Georgia Tuckey, spécialiste des maladies à tiques. « Cela décourage la recherche et retarde la formation. » Pour des patients comme Oliver, cela se traduit souvent par une longue errance médicale. « J’ai eu l’impression d’être puni pour avoir été proactif », résume-t-il.
Faut-il alors confier nos diagnostics à des algorithmes ? Pas si vite, préviennent les experts. « Ces outils peuvent être utiles, mais seulement si on leur donne des instructions précises et qu’on limite les sources à des sites de santé officiels », estime Ella Haig, professeure d’intelligence artificielle à l’université de Portsmouth. « Peut-on vraiment s’y fier sans un avis médical ? Personnellement, je ne le ferais pas. »
Le NHS, le système de santé britannique, adopte une position prudente : l’IA peut soutenir les cliniciens, mais pas les remplacer. Mais le cas d’Oliver montre qu’elle peut déjà combler certaines lacunes d’un système saturé, où la fatigue des praticiens et la standardisation des diagnostics laissent passer des cas atypiques.
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