Lors d’une réunion des ministres européens en charge des questions énergétiques à Luxembourg, lundi 20 octobre, les États membres de l’UE ont approuvé l’interdiction de toute importation de gaz russe au sein de l’Union, y compris le GNL, pour la fin 2027. Des discussions doivent maintenant avoir lieu avec le Parlement européen, qui souhaite aller encore plus vite, afin de trouver un compromis.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, les importations européennes de gaz russe ont été sensiblement réduites. Mais elles n’ont pas cessé, bien que leur part dans les approvisionnements de l’UE soit passée de 45% en 2022 à 19% en 2024 et doit tomber à 13% en 2025. Pour garantir la sécurité énergétique de l’Union, certains flux ont été maintenus, comme les acheminements de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis la Sibérie ou encore les livraisons par gazoducs à des pays très dépendants de cette énergie, comme la Hongrie et la Slovaquie.
Alors que l’Europe diversifie ses sources d’approvisionnement et son mix énergétique, l’heure est venue pour elle de s’en passer complètement. Cela, en ligne avec la stratégie des sanctions à l’encontre de Moscou pour entraver l’effort de guerre en Ukraine. En 2025, selon la Commission européenne, la Russie gagnera encore 15 milliards d’euros avec le gaz vendu à l’UE.
En mai dernier, la Commission proposait un plan pour en finir avec les importations de gaz russe. Le jeudi 16 octobre, les commissions de l’Industrie, de la Recherche et de l’Énergie, ainsi que du Commerce international du parlement européen ont adopté un projet de législation visant à interdire les importations par gazoducs ou de GNL à compter du 1er janvier 2026. Des exceptions limitées sont prévues pour les contrats à court terme existants (jusqu’au 17 juin 2026) et les contrats à long terme (jusqu’au 1er janvier 2027), à condition qu’ils aient été conclus avant le 17 juin 2025 et qu’ils n’aient pas été modifiés.
Lundi 20 octobre, les États membres de l’UE ont approuvé à leur tour l’interdiction de toute importation de gaz russe au sein de l’Union, mais à une échéance plus lointaine, c’est-à-dire à la fin 2027, en clair pour le 1er janvier 2028. Bruxelles estime que les entreprises pourront invoquer un cas de force majeure pour se libérer des contrats en cours et ne pas payer de pénalités.
La Hongrie et la Slovaquie restent opposées à cette mesure mais ce type de décision se prend à la majorité et non à l’unanimité.
Des discussions vont maintenant avoir lieu avec le parlement européen afin de trouver un compromis, en particulier sur le calendrier, ouvrant la voie à la mise en œuvre de cette interdiction complète des importations de gaz russe. Un accord est espéré d’ici la fin de l’année.
Concernant le GNL, ce marché intéresse plus particulièrement des pays comme la France et la Belgique, dont les terminaux de Montoir-de-Bretagne, de Dunkerque et de Zeebrugge ont été parmi les premiers à importer massivement le gaz liquéfié produit dans la péninsule sibérienne de Yamal et exporté par méthaniers brise-glace vers les ports européens depuis 2018. L’Espagne et les Pays-Bas aussi importent du GNL russe.
Méthanier brise-glace transportant du GNL sibérien dans l’estuaire de la Loire le 12 octpbre.
Selon les chiffres de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), pour la France, premier importateur européen de GNL, les cinq principales provenances, en 2024, étaient les États-Unis (38%), la Russie (34%), l’Algérie (17%), le Nigéria (4%) et le Qatar (4%).
La part du gaz américain importé en Europe a sensiblement augmenté ces dernières années, portée par le développement de la production de gaz de schiste au bilan environnemental désastreux. Et les États-Unis poussent évidemment pour que leur gaz se substitue à celui importé de Russie.
© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.