Deux hommes s’affairent autour d’un scooter sur l’avenue de Saint-Antoine (15e arrondissement de Marseille). Pris dans les phares des policiers, ils se figent en agitant la clé du deux-roues. « C’est le mien chef », insiste le premier tandis que le second contemple la Mercedes banalisée de la Bac et se marre : « Oh vous avez dû en chopper au moins 16 des vendeurs, avec ça aujourd’hui ».
Un peu plus loin, cité du Mail, la patrouille n’a aucun mal à atteindre le point de deal avant que les guetteurs hurlent enfin « Arah ». « Bravo les gars ! Il était temps ! », lance Mike*, le chef de bord, par la vitre du SUV, tandis qu’un vendeur passe le mur du son en s’accrochant à sa sacoche. « Ils sont inventifs, à chaque fois qu’ils se font avoir, ils apprennent, sourit le policier, en poste dans les quartiers Nord depuis 20 ans. Ça ne nous empêche pas de les attraper, mais ça demande un peu d’imagination. »
Parfois, la ruse peut ainsi être facilitée par des saisies-attributions, ces véhicules confisqués – souvent à des trafiquants – et retournés contre eux en les affectant aux services de police. Le reste du temps, il faut se contenter des classiques, Peugeot, Opel… Et la fameuse Skoda. « De bonnes voitures, vu ce qu’on leur met, ça tient la route. Sauf les boites auto… » commente Taz, l’un des « chauffeurs » de la Bac Nord. La berline tchèque est même devenue un peu trop fameuse. « Les loulous nous reconnaissent en Skoda. Mais les gens normaux, eux, ils nous prennent parfois pour des chauffeurs Uber et montent à l’arrière – c’est vraiment arrivé », rit Stéphane, un autre policier affecté à la Bac centre.