Par
Nicolas Zaugra
Publié le
20 oct. 2025 à 17h49
Le silence gêné : voilà ce qui résume l’ambiance officielle au sein des équipes municipales après la publication du sondage de Mag2 Lyon mardi qui donne le maire Grégory Doucet très largement écrasé par Jean-Michel Aulas au 1er tour et sèchement battu au second tour.
Même s’il ne s’agit que d’un sondage cinq mois avant l’élection, le score de 47% du candidat Aulas a provoqué une onde de choc à gauche. Le maire de Lyon se retrouve incroyablement fragilisé. Dans son propre camp, on s’inquiète d’un rejet des Lyonnais et d’un déficit de notoriété et d’image. Les Ecologistes ont décidé d’entrer en campagne plus brutalement, entre tracts sur les marchés ce week-end et propos au bazooka de leur patronne Marine Tondelier…
Un « électrochoc », un « déficit de notoriété »
Dans les rangs des écologistes, peu d’élus ont pris la parole sur le sondage. Seul Jean-Charles Kohlhaas, vice-président aux Transports à la Métropole, a publiquement avoué qu’il s’agissait « d’un électrochoc évident » pour son camp, refusant de parler de « séisme ». « Sur le fond, il y a une vraie satisfaction de nos politiques, la végétalisation, les transports en commun, l’encadrement des loyers… », relève-t-il même si la Zone à trafic limité en Presqu’île et la réduction de la place de la voiture sont rejetées.
« Il y a un déficit de notoriété », reconnaît l’élu à propos du maire sortant face à un « candidat qui est dans la presse people depuis des années », lance-t-il à propos de Jean-Michel Aulas. « On va se déployer encore plus fort sur le terrain », dit l’élu sur BFM Lyon.
Un important adjoint au maire, qui a eu les résultats du sondage une semaine avant, a eu le temps d’encaisser le mauvais coup. Selon lui, le score de JMA a eu comme effet « de faire venir à nous de nombreux militants, des Lyonnais pour s’engager » dans la campagne.
Et puis certains autour du maire de Lyon appellent au recul en pariant sur des sondages qui vont se dégonfler avec l’entrée officielle en campagne de Grégory Doucet d’ici la fin de l’année.
Les écologistes montent le son et vont sur les marchés
Mais ce mauvais sondage a en tout cas précipité le calendrier des écologistes. Désormais le maire relaie son actualité sur de nouveaux comptes TikTok et Instagram « Avec Grégory Doucet ». L’élu est mis en avant et des publications attaquant Jean-Michel Aulas sont publiées. Sur X, des comptes dénonçant les « fake news » du candidat sont aussi alimentés.
Surtout, c’est sur les marchés que les écologistes ont décidé de répliquer avec des distributions de tracts par des militants et élus de la majorité ce week-end dans le 7e ou le 8e arrondissement. Sur les documents, on peut y lire : « 5 ans de transformation pour une ville plus saine, solidaire et vivante » ou « A Lyon, la gauche et les écologistes rassemblés, ça marche ».
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

Des militants écologistes avec la maire du 7e Fanny Dubot sur un marché ce week-end. (©DR)
Face à eux depuis plusieurs semaines, une batterie de soutiens d’Aulas inondent déjà les marchés aux quatre coins de Lyon. « Il faut être plus visible, on a un retard sur le terrain », reconnaît un écologiste.
Ces derniers jours, Grégory Doucet et de nombreux élus de gauche ont multiplié les critiques contre leur adversaire. Interview musclée du maire sur actu Lyon, accusations de « trumpisme » relayées par Marine Tondelier, dénonciations de « fake news » ou de mesures contestées comme la gratuité des TCL ou la police métropolitaine.
A gauche, des alliés embarrassés
Mardi dernier, jour de publication du sondage, une réunion s’est tenue entre plusieurs partis de gauche avec entre autre les Ecologistes, le PS, Place Publique, le PCF. A l’ordre du jour, les alliances pour la campagne et bien sûr les intentions de vote catastrophiques.
Une rumeur s’est rapidement répandue : des élus de gauche voudraient débrancher Grégory Doucet ou en tout cas remettent sérieusement en doute le bienfondé de sa candidature pour gagner. Des participants écologistes démentent mais d’autres sources indiquent que le sujet a été évoqué.
« Au PS, on n’est pas sur cette ligne, nous discutons toujours d’une alliance. Il y a une approbation des mesures mais il y a un rejet de l’incarnation, c’est un sujet mais ça se corrige, ça se change », glisse un élu.
Ce sondage n’est pas à prendre à la légère, il faudrait davantage écouter les gens. Aulas est très haut, c’est inquiétant même si ça peut être exagéré.
Un élu PS
Du côté de Place Publique qui appelle à une alliance avec les écolos, on reconnaît « qu’un lancement plus tôt de la campagne a été évoqué », selon Lisa Gauthier. « Les écologistes ont fait bouger les lignes sur la transformation de la ville mais il faut remettre de l’écoute », abonde-t-elle.
La France insoumise se lance cette semaine
Autre caillou dans la chaussure à venir de Grégory Doucet : le lancement cette semaine, selon nos informations, de la campagne de LFI. La députée Anaïs Belouassa Cherifi sera la tête de liste. Le mouvement est crédité de 15% au premier tour dans le sondage, ce qui affaiblit le maire.
Un lancement qui agite aussi les écologistes, inquiets d’un bon score du mouvement. Au second tour, beaucoup aimeraient se passer d’une alliance avec LFI et privilégier une séduction d’un électorat plus modéré. D’ailleurs, l’étude tant commentée de mardi montre qu’une gauche unie au second tour y compris avec la France insoumise serait battue par Jean-Michel Aulas (61% pour lui contre 39%). Et Place Publique l’affirme, « LFI est une ligne rouge au 1er tour ». Quant au second, tout dépendra du score de chacun…
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.