Dans les années 2000, Stéphane Deguilhen met fin à sa profession d’enseignant en physique pour se lancer dans une carrière de sculpteur. La notion de force et de mouvement l’interpelle dans les représentations sculptées d’animaux. Au fil des années, son œuvre est reconnue d’abord en Corse puis au niveau national par la société des Beaux-Arts ou encore la société des Artistes Français qui l’invitent à exposer. En 2015, il débute une carrière internationale avec « la panthère noire » sélectionnée et exposée par le British museum society.

Un retour aux sources

Ainsi, après avoir créé des bronzes d’animaux sauvages choisis dans divers espaces internationaux, Stéphane Deguilhen amorce un retour aux sources, en Corse, autour de la recherche et de créations sur le mouflon*.

De cette année de travail sont nés huit bronzes numérotés et des dessins à l’encre de Chine. Pour donner vie à ces sculptures, Stéphane Deguilhen a choisi le procédé de la cire perdue, une technique artistique parfaitement maîtrisée par la fonderie Massimo Chiaro de Pietrosanta en Toscane.

Ce procédé de moulage de précision, permet d’obtenir une réalisation en métal (argent, or, bronze, cuivre, aluminium) ou en pâte de verre, à partir d’un modèle en cire, qui sera ensuite détruit par chauffage lors du processus. Stéphane reconnaît : « Cette fonderie possède un savoir-faire exceptionnel respectueux des détails morphologiques et esthétiques de la sculpture qu’ils ont à travailler ».

Comment donner vie à la matière

Pour parfaire l’étude morphologique du mouflon et en restituer l’esthétisme Stéphane Deguilhen s’est rapproché des connaissances de Pierre Benedetti un spécialiste de l’animal : ce chef technicien de l’environnement à la retraite et responsable de l’unité de gestion des espaces naturels de Corse, travaille sur le sujet depuis plusieurs décennies. Et il ne parle pas « du » mouflon de Corse, mais « des » mouflons : « Il existe deux aires de répartition du mouflon, celle du massif du Cintu et celle du massif de Bavella. Des études génétiques ont confirmé l’identification de deux génomes distincts entre ces deux populations. Ce sont donc deux sous-espèces différentes qui vivent en Corse, une au Nord et l’autre au Sud de l’île ». Une simple observation des cornes des animaux permet de bien appréhender cette différence.

« Cette année, en sculptant les mouflons, explique Stéphane Deguilhen, j’ai réalisé un travail plus élaboré grâce aux spécificités transmises par Pierre Benedetti : celles de Bavella ont des cornes en forme de sabre tendant vers le haut du cou, tandis que celles d’Asco sont plus verticales ».

Stéphane Deguilhen se dit émerveillé lorsqu’il voit évoluer les mouflons dans l’univers de Bavella et la représentation de l’animal emblématique réveille sa créativité : « Grâce à la fonderie italienne et aux conseils du spécialiste Pierre Benedetti, j’ai pu avancer et progresser dans la conception de mes œuvres ».

*Ce travail fait l’objet d’une exposition à Bastia jusqu’en janvier