Printemps 2016 – la loi Travail embrase la Ville
En France, en 2016, la gauche contrôle tous les pouvoirs. A Rennes, la maire, Nathalie Appéré, doit gérer les conséquences locales de la politique menée par une Hollandie qu’elle soutient comme députée à l’Assemblée. Avec Nantes, sa ville devient l’épicentre de la contestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Celle-ci est émaillée de violences comme le 6 février 2016, en marge d’un « carnaval anti-NDDL ». Quelques semaines plus tard, débute le mouvement contre la loi Travail. Habituée des conflits sociaux, Rennes est le théâtre, durant trois mois, d’une série de violences. Récurrence, durée et intensité du phénomène, lui donnent un tour exceptionnel et nouveau. L’acmé intervient le 13 mai. Dans la soirée, la ville est mise à sac sous l’oeil de la presse nationale et étrangère, venue couvrir une manif’jugée à risques prévue le lendemain. Dans l’après-midi du 14, François Hollande, en voyage d’Etat au Nigéria, est interrogé sur la situation à Rennes. « Les Rennais ont exprimé leur ferme volonté de faire front pour montrer que Rennes, ce n’est pas ça, explique Nathalie Appéré dans Le Mensuel de juin. Je trouve la surenchère politicienne qui consiste à parler de “capitale de la violence” ou de “ville en perdition”, coupable et indécente. Elle enferme Rennes dans une image qui n’est pas la sienne. »
En 2016, des manifestations contre la loi Travail avaient dégénéré à Rennes. (Lionel Le Saux)
Le Mensuel de Rennes
Magazine curieux et (im)pertinent !
DécouvrezAoût 2020 – Rennes refuse le grand départ du Tour de France
Le 9 août 2020, on apprend que Rennes refuse d’accueillir le grand départ du Tour de France 2021 (qui est finalement parti de Brest, comme le montre cette image). La maire aurait cédé aux écolos de sa majorité, qui jugeaient le projet « sexiste », « polluant » et trop cher. Dans la torpeur d’un été baignée par la Covid, ce refus déclenche une « shit storm » médiatico-politique. Alimentée par l’absence de communication de la maire, elle s’abat sur la majorité écolo-socialiste et nourrit le cliché « Rennais = écolos = bobos coupés des classes populaires ».
En 2021, le grand départ du Tour de France a été donné depuis Brest. (NICOLAS CREACH/Le Telegramme)Avril 2023 – Conflit contre la réforme des retraites
Rennes renoue avec un conflit social majeur. Les manifs contre la réforme des retraites drainent beaucoup de monde. Et les épisodes de violences en marge de celles-ci se multiplient. Ils sont marqués par plusieurs pillages. Juste après la validation du texte, des heurts éclatent aussi dans la soirée du 14 avril. La porte du commissariat de la rue de Penhouet est incendiée. Idem pour celle de l’ancien couvent des Jacobins. BFM, qui diffuse les images en direct, titre sur l’incendie d’une « église », sur le bandeau au bas de l’écran. « L’info » est reprise dans un tweet du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qu’il supprime quinze minutes plus tard. Les Jacobins ne sont plus un lieu de culte depuis longtemps…
En 2023, la façade du Couvent des Jacobins a été incendiée en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites. (David Brunet)Octobre 2024 – un enfant victime du narcotrafic
Son papa hurlait à ses côtés. Dans la nuit du 26 au 27 octobre, un enfant de 5 ans est touché à la tête par deux balles à l’issue d’une course-poursuite sur fond de narcotrafic. Depuis plusieurs semaines, des fusillades s’enchaînent dans le quartier de Maurepas pour le contrôle des points de deal. La grave blessure infligée au bambin crée une vague d’émotion considérable. Le 1er novembre, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se fend d’une visite très médiatique dans le quartier rennais.
En octobre 2024, Bruno Retailleau se rend dans le quartier de Maurepas à la suite d’une fusillade qui a grièvement blessé un enfant de 5 ans. (Jean-François Chesnay)Avril 2025 – des élus dans la ligne de mire des trafiquants
« Quand je me suis engagé en politique, je ne pensais pas un jour devoir me jeter au sol pour éviter une balle. » Face aux caméras, Charles Compagnon, leader de l’opposition municipale, explique comment il a échappé aux tirs de trafiquants, alors qu’il buvait un café dans le Subway de Villejean, le 17 avril en fin d’après-midi. Depuis le début de l’année, le quartier est la proie d’une guerre pour le contrôle du narcotrafic. La présence fortuite de deux élus durant la fusillade, doublée de la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’une partie de celle-ci, donnent un caractère exceptionnel à cet énième épisode de violences, repris par tous les médias.